Marc Zaffran

Marc Zaffran

alias Martin Winckler

..ex-médecin & écrivain ou l’histoire d’un coup de coeur.

J’ai rencontré Martin Winckler par hasard. Missionnée pour faire des photos lors d’un évènement du Lycée français, je me retrouve dans la bibliothèque, arrivant au beau milieu d’une conférence à prendre des photos de l’intervenant. Perturbant un chouia l’atmosphère silencieuse avec le clic clac de mon Nikon, je tends l’oreille à ce qui se raconte et fort intéressée par ce que j’entends, je finis par m’asseoir et écouter, mettant de côté ma mission, photographier.

Martin Winckler est écrivain, c’est d’ailleurs son pseudonyme, médecin de formation, français, ayant pratiqué pendant 25ans et vivant depuis 8 ans au Canada. Auteur  de la « Maladie de Sachs » et du « Choeur des femmes » entre autre, il exerce également comme critique de séries télévisées, traducteur and so on.

Il débattait ce jour de la relation Soignant/Patient, de l’importance du rôle/place de chacun, et que le patient devrait toujours se sentir mieux après une consultation (sauf exception, le médecin doit malheureusement parfois annoncer des nouvelles qui ne sont pas toujours agréables), dans le cas contraire le soignant devient selon lui, maltraitant. J’en viens naturellement à vous raconter une petite expérience personnelle que le sujet ravive spontanément:

J’ai 24/25ans, j’ai emménagé dans en Savoie depuis peu et comme toute femme bien intentionnée, je prends rendez-vous chez une gynéco pour un suivi classique, un rendez-vous lambda. J’arrive chez LA dite gynéco, qui ne me connait ni d’Adam ni d’Eve, le moral au beau fixe, mon pavé médical sous le bras. Question de routine « Vos antécédents? » « Leucémie aigüe à 19ans, vous avez le détail dans le dossier. » Après quelques minutes la tête dans la paperasse, elle relève le regard et m’annonce comme si on parlait de la pluie et du beau temps, « Vous savez là, avec les antécédents que vous avez eu et les traitements, vous avez des risques de ménopause précoce, faudrait peut-être penser à faire des enfants ». Heureusement que j’étais assise!!! La délicate me balance une bombe (je n’avais absolument aucune idée de la chose, j’en étais juste restée à « on t’a fait une auto greffe pour préserver tes chances d’être mère un jour » et j’en étais encore à mon chemin de reconstruction, le temps faisant son oeuvre). Un je ne suis pas au courant, Deux les enfants c’est pas au programme, Trois « Mais qu’est ce que tu me racontes là???? » avec la voix de Arnold dans Arnold et Willy. Je ressors primo très en colère contre la dame en question, deuxio vénère contre le professeur et l’équipe du service qui m’a suivie (et me suis encore de loin!) genre on m’aurait mentie par omission. C’est ce que j’appelle un soignant maltraitant qui peut-être par son intention de prévention déclenche un cataclysme par manque de finesse, psychologie, pudeur, empathie, bon sens …

Au delà du discours qui faisait donc écho à certaines périodes de ma vie, c’est la simplicité, la sensibilité, la lucidité du bonhomme qui m’ont touchée. Particulièrement soucieux de la condition féminine, il a dans sa façon de s’exprimer du corps féminin et de ce qui le concerne, une profonde bienveillance, libératrice, accueillante, qui panse les plaies de la femme blessée en moi. Il peut en moins de 5 minutes placer les mots vagin, stérilet et ivg sans que personne ne se sente offusqué ou ai l’impression que d’immondes gros mots venaient de sortir de sa bouche. Je me sens comme apaisée, réconciliée avec la gente masculine par le regard neuf qu’il me propose, imprégné d’un profond respect pour la femme dans son entièreté, en faisant fi des tabous bien enracinés par notre éducation judéo chrétienne. Je respire et un enthousiasme, une joie profonde nait de mes entrailles.

Il n’en fallait pas plus pour que j’aille à la pêche aux informations et découvrir d’autres interventions du Monsieur à Frisco. Mr Winckler est artiste en résidence, assigné pour 5 semaines à San Francisco pour écrire et s’inspirer des lieux pour son prochain livre suite à une candidature qu’il a déposée auprès du Service culturel du Consulat français lançant la première édition de « A room with a view » et je comprends pourquoi cet intitulé quand j’arrive à la Résidence de France qui bénéficie d’une vue extraordinaire sur la ville.

Peu de temps après Farinaz Agharabi accueille Martin Winckler à son émission de radio « Francofun » à laquelle elle me propose très gentiment de me joindre mais « je peux pas, je fais la guide touristique!!!! aaaah! ». Emission dont vous pouvez retrouver le podcast sur le blog de Martin Winckler : « Cavalier des touches« 

Restant sur ma faim, j’achète un ticket pour retourner voir Martin Winckler0 en Résidence, le 01 Juin et approfondir « cette rencontre ». Suis assise au premier rang telle une groupie, et j’apprends que le Monsieur écrit depuis ses 12ans, de la même façon que j’ai commencé à nourrir mon envie/besoin d’écriture à cet âge. A l’heure des échanges, la question qui m’intéresse : « D’où vous vient cette sensibilité pour la gente féminine? », MW: « J’ai été élevé par des femmes..et sur mon parcours, j’ai exercé dans un centre de planification, de santé des femmes, géré par Madame Yvette Lagneau qui n’était à l’origine que simple surveillante et n’a jamais pratiqué d’intervention. Cette femme m’a appris les gestes et les mots pour aborder dans un profond respect les patientes lors des ivg que j’ai pratiqué ».

J’évoque alors mon arrivée récente à San Francisco, le blog, la joie d’avoir renoué avec l’écriture, lui expliquer le pourquoi du blog, de l’importance du partage d’expériences pour que chacun puisse y trouver ses clés..ou pas. L’importance d’être à San Francisco pour remettre le pied à l’étrier de l’écriture parce que le lieu est libérateur et ses belles énergies vous permettent d’OSER. MW soutient mes propos et m’encourage à poursuivre mon chemin, lui même a vécu 1 an aux Etats-Unis à l’âge de 17ans et cet évènement a changé sa vie, certainement comme il aura changé la mienne, je comprends infiniment. « Et votre retour en France ça s’est passé comment? », MW avoue qu’une certaine mentalité française et ses barrières « ont nourri des colères et les colères ont nourri mes écrits »…c’est pour cela qu’il faut continuer d’écrire, peu importe le reste, il faut OSER, continuez.

Je lui avoue que je n’ai lu aucun de ses livres mais je repars avec « En souvenir d’André » sous le bras avec l’idée que ce n’est qu’un début (livre que j’ai gobé hier dans l’après midi :)).

Chers lecteurs, si vous connaissez déjà l’auteur et ses livres, je vous invite à m’en faire part en commentaires, avide de connaître votre opinion. Par ailleurs est ce que cette notion de « maltraitance » résonne aussi en vous?

Merci Monsieur Winckler, d’être un homme engagé, le corps de la femme est à reconsidérer et votre humanité contribue au changement♥

 

 

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