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Jour de pluie

Jour de pluie

Les Mots qui restent…

me reviennent aujourd’hui alors que je fais quelques pas sous la pluie.

Il y des moments complétement anodins et des mots qui marquent…comme ça l’air de rien, qui restent à jamais dans votre esprit et qui reviennent souvent les jours de pluie.
J’avais 19 ans et des poussières, je passais quelques mois en enfer, je venais d’être libérée sous caution, il me fallait attendre l’heure de la rémission.
Avant ce départ en urgence aux urgences en ce mois d’avril 93, je vivais une histoire platonique avec un écorché, un garçon aux antipodes de mes valeurs, je réaliserai vite que c’était une erreur.
Bref durant ces mois d’hospitalisation à lutter pour la vie, il est venu me rendre visite puis lors d’une perm où j’avais eu le droit de rentrer quelques jours à la maison.
Il pleuvait à verse, la météo et moi étions en parfaite harmonie, c’était de saison.
Je faisais face à un mur d’incompréhension, il me parlait comme si j’avais une simple grippe alors que j’étais le corps et le coeur en bouilli de ces longs mois enfermée en mode survie. Il me reprochait ma fatigue, mon incapacité à être battante H24, j’étais déboussolée et sévèrement accablée par tant d’insensibilité. Il est reparti et m’a laissée complètement démunie, lourde de culpabilité, une colère sourde pointait le bout de son nez.
Je suis descendue de ma chambre, le coeur déchiré, et ma mère par ces seuls mots m’a libérée (délivrée..) :
« Et si on allait se balader? Rien de tel pour changer les idées! »
« Mais il pleut des cordes!!! « 
« T’es pas en sucre ma fille! ».

Et je me rappelle comme si c’était hier, ce moment complètement bénin mais qui m’a fait le plus grand bien. Nous deux, bras dessus, bras dessous, sous un parapluie à affronter l’intempérie qui m’a lavée de tous mes soucis.
J’ai plaisir aujourd’hui à dire ces quelques mots « T’es pas en sucre ma fille! » comme un acte de transmission, comme on fredonnerait une douce chanson, un cadeau inespéré pourtant à notre portée, pour que ma fille se souvienne une fois adulte que rien ne vaut marcher sous la pluie quand tu as le coeur en plein tumulte.

Et vous quels sont les mots qui continuent de vous accompagner,
aussi futiles soient ils?

A maman…♥

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Shou Sugi Ban

Shou Sugi Ban

Les réminiscences du passé

« La vie est parfois violente pour qui chevauche la mort »- Maudmoiselle

Aujourd’hui la vie m’amène à rencontrer des êtres qui « experiencent » la maladie, en face à face avec la mort, n’ayons pas peur des mots.

Je me souviens…

Il y a un temps dans la maladie, j’entends celle qui fauche, celle qui te fait marcher sur le fil du rasoir, celle qui titille tes nerfs, celle qui réveille tes colères et tes peurs où tu te retrouves dans un sas. Tu fais parti ni des vivants, ni des morts, tu es dans le sas à attendre de savoir quelle porte, quel chemin va s’ouvrir à toi. Parce que j’en suis convaincue aujourd’hui, quelque soit la porte il y a un chemin à poursuivre.

Ce sas est labyrinthique, il t’emmène sur la voie de l’introspection, le but n’est pas de se perdre mais de se trouver justement. Il ne s’agit plus de se battre mais de lâcher prise, il ne s’agit pas de se résigner mais d’accepter. Dans ce sas tu peux paraître absent pour les vivants, parce que toute ton énergie est tournée vers trouver l’issue (quelle qu’elle soit)….la paix dans l’âme.

Je me souviens…

La bombe, les cinq mois d’hospitalisation, les chimios, les douleurs physiques, la souffrance morale, les colères, les désespoirs, les néants, le vide, l’inconnu, les éclats de rire aussi parfois, la joie, l’amour, l’amitié, et je me souviens du pire.

Un beau jour de septembre on te dit « c’est bon, c’est fini, vous pouvez rentrer. » Sauf qu’entre temps ta vie a été totalement dévastée, tu n’as fait que survivre.

Tu te retrouves un beau matin devant la glace en pied immense de la salle de bain, imberbe, bouffie par les traitements, une étincelle étrange dans le regard et tu ne sais plus qui est cet être dans le miroir. A cet instant même où j’étais enfin « sauvée », j’avais envie de mourir. Tous ces morceaux de moi que la maladie avait éparpillés, me confrontaient au vide absolu, sidéral.

Et à ce moment précis de l’existence, quelqu’un sonne à la porte : Ma meilleure amie. Devant ce néant, je suis incapable d’aller vers, de donner, d’accueillir, de tendre une main, de faire un geste, d’être…socialement, j’étais tout court et c’était compliqué. Je m’effondre alors dans un coin de cette salle de bain, submergée par les larmes, prostrée, la tête sur les genoux, emplie d’une douleur et d’une tristesse qui dépassent les murs. Recevoir la vie, c’était me demander l’impossible, je ne pouvais pas.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, voir les autres partir de bon matin, vaquer à leurs occupations, l’air serein.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, de reprendre la vie comme si de rien, quand on se sent être une terre brulée, un être dévasté.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, de papoter, de parler d’un air léger, quand tu reviens de loin.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, ça demande aux autres beaucoup d’humilité, des trésors de patience, et de l’amour en avalanche.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, mustang prêt à te désarçonner alors que ton corps s’accroche à la vie « à mort ».

Vous allez vous dire, ce n’est pas gai, gai comme aparté, mais la vie n’est pas toujours gai vous le savez. De temps en temps, au détour d’un instant, elle nous ressert le passé, comme pour te dire de ne pas oublier ce qui a été expérimenté et te rappeler qu’au bout du bout, la clé, c’est d’accepter, le corps tel un cathéter, se laisser pénétrer par l’énergie de l’univers.

Je finirais sur cette belle allégorie de la vie

Connaissez vous la technique japonaise appelée Shou-Sugi-Ban. C’est une technique qui consiste à bruler le bois de construction des maisons pour le rendre plus résistant aux uv, aux insectes, aux intempéries. On brûle plus ou moins, on gratte plus ou moins, ce qui permet d’obtenir toute une gamme de noirs. La surface devient dure en se carbonisant, opaque et douce comme de la peau si on la débarrasse de tous les résidus de bois brûlé. Cette technique anoblit les matériaux, fascine par les noirs profonds qu’elle suscite, tour à tour mats ou brillants.

Soyez fier de toute votre gamme de noirs, car ce qui ne tue pas rend définitivement plus fort ♥

A JM&C

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Au-delà des déchirures

Au-delà des déchirures

La Transmutation

A l’âge de 5ans, j’ai eu la grande fierté (oui, oui!) de vivre ma première hospitalisation, pour quelque chose que je qualifierais d’anodin : L’appendicite. Sauf que j’ai choisi un moment très particulier, histoire de bien enquiquiner le monde : Un jour de grève des médecins….ça c’est tout moi!

Bref, pour en venir au fait, après avoir été opérée et avoir pu fièrement arborer mes magnifiques agrafes à qui voulait bien regarder ma blessure de guerre, je me suis retrouvée à partager ma chambre avec une jeune demoiselle de 3ans mon ainée :  Stella…ma première étoile.

Et Stella aujourd’hui avec 40ans de recul me donne une magnifique leçon.

Ma chère et jeune compagne de chambre, du haut de ses 8 ans avait eu le malheur de se voir les jambes ébouillantées au 3ème degré, par une vulgaire cocotte minute laissée sans attention. Son lit était serti de cerceaux, non pas pour jouer à la princesse mais pour empêcher les draps de toucher ne serait ce qu’un grain de sa tendre peau d’enfant. Je vous plante le décor : Elle, en mode torturée par la douleur, mais rayonnante de douceur et moi, déjà grande amoureuse de Dame Nature, passionnée par ma grande copine du moment, faire des puzzles de Maya L’Abeille.

Concernant Stella, le grand rituel du matin consistait pour les infirmières à venir avec des pinces à épiler, lui ôter les peaux mortes et brulées. Ce qui avait pour résultat instantané de lui arracher des cris de douleur et des larmes dont j’étais l’impuissante spectatrice. Quand je repense aujourd’hui à ces instants, je peux encore ressentir sa souffrance et voir la détresse qui naissait dans son regard les minutes qui précédaient la torture.

Où veut elle en venir allez vous me dire?

Cette parenthèse aussi cruelle fut-t-elle, est à mon sens l’histoire de notre vie.

De la naissance à la mort, nous traversons des épreuves, certaines plus profondément douloureuses que d’autres. Ce que nous demande la vie, c’est d’enlever une à une, à la pince à épiler tous ces lambeaux de peau morte, tous ces deuils d’amour, ces blessures d’abandon, de trahison, de rejet, d’injustice, d’humiliation : Toutes ces déchirures. Vous seul savez comment ce process peut être long, troublant et déchirant.

Mais sous ces couches de derme mort, où nous avons laissé un peu de nos illusions, perdu parfois semble-t-il comme une part de notre âme, de notre foi en l’existence, se cache un fabuleux trésor : Une peau neuve qu’il nous faudra apprendre à aimer avec toutes ses cicatrices, visibles ou invisibles. De ne pas laisser l’amertume, les peurs, la tristesse ou la colère nous envahir, parce que la vie par ces épreuves est juste venue nous dire : « Regarde au delà des déchirures, transmute cette épreuve, change le plomb en or et fait de ton coeur un diamant pur. »

Stella où que tu sois, mon coeur pense encore à toi et je te remercie pour cette belle leçon de vie que j’intègre aujourd’hui. Je n’avais que 5ans, il m’aura fallu du temps, mais la vie était déjà bien décidée …à m’éclairer.

N’oubliez pas de toujours suivre votre étoile.♥

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Les blessures

Les blessures

« La blessure est l’endroit par lequel la lumière entre en vous. » Rumi

Il en est des blessures, de la naissance jusqu’à ce que la vie ne nous donne plus de chance.

Il en est des opportunités de transmuter.

Il en est des occasions de changer une fois pour de bon.

Aucune d’elles n’est dérisoire, chacune d’entre elles existe pour nous faire valoir.

Elles marquent en nos veines, les douleurs, les déchirures, et c’est par ces failles que la lumière jaillit comme déposant de l’or sur les grandes cassures.

C’est de l’art japonais kintsugi, rendre belles les blessures de la vie.

Rien n’advient par hasard, tout est le fruit d’un silencieux tressage, souterrains sont les présages.

Il en est des fêlures, de celles d’être trop ou pas assez aimé, de celles d’avoir perdu, de celles d’avoir quitté, de celles d’avoir cherché sans avoir pu trouver, de celles d’être déchu, de celles d’avoir trop voulu, de celles de n’avoir pu pardonner, de celles de n’avoir su aimer.

La vie n’est qu’un voyage, elle sème des cailloux blancs sur son passage, à nous de les ramasser ou de faire le choix de les ignorer. A nous de tirer les leçons, d’aller chercher la vérité cachée bien au fond. A nous de descendre dans les profondeurs, en respirant au rythme des battements de nos coeurs. Et palier par palier, trouver du sens pour se soigner de toutes les souffrances. Cher Samouraï, que toutes ces profondes entailles ne soient pas vaines batailles, toutes ces griffures, ces éraflures rencontrées au passage, pour faire de nous des êtres infiniment plus sages.

Qu’à l’aube de ce nouveau jour,

nous regardions nos fêlures avec amour ♥

photo à la une: Kannon, Déesse de la compassion « celle qui entend les cris du monde » – Hasedera Temple – Japon

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Renaître de ses cendres

Renaître de ses cendres

Le principe de Résurrection

 

« Je suis née il y a 27ans, Un sourire à la vie, premiers pas d’un enfant

Je suis née à 20ans, de retour de longue maladie, une nouvelle vie

Je suis née aujourd’hui, Après la mort d’un amour, je tends les bras vers l’infini,

Je ne suis pourtant pas chat, et je suis née déjà 3 fois, l’avenir est devant, Roi, et je me demande ce qu’il attend de moi »

02.2002

Combien de fois êtes vous déjà mort dans votre vie? Combien de fois vous a t il fallu renaitre de vos cendres tel le phoenix, tel le chamane, tel le christ, tel le chat…?

A l’adolescence on meurt à l’enfance en devenant femme en accueillant nos lunes.

Puis on meurt à des amours sincères qui ne résistent pas au temps, ni à la routine, l’enfer.

C’est alors qu’on devient mère et on laisse une partie de nous mourir pour devenir cette femme nouvelle, centre du monde.

On s’éteint à petit feu dans un métier avec lequel nous ne sommes plus en phase, on perd la passion, l’envie, la joie, l’enthousiasme puis on trouve le courage de tout envoyer valdinguer pour mieux nous retrouver, nous voilà ressuscités.

Parfois la maladie pointe le bout de son nez, on lutte, on tient tête, on tombe par ko et on se relève plus puissant qu’avant.

La vie nous prend des êtres chers, et la flamme en nous vacille, jusqu’à sembler s’éteindre et pourtant, chemin faisant, elle trouve la force de se nourrir de nos rires et de nos rêves et reprend de l’allant.

Tout cela n’est que rite de passage, la vie nous met à l’épreuve, nous éprouve et nous bouscule. Mourir pour mieux renaitre à ses désirs, à ses valeurs, renaître pour continuer à grandir et devenir meilleur. Traverser les épreuves dans la douleur à en défaillir, à se demander pourquoi, à chercher le sens, et comprendre que chaque obstacle te mène plus près du bonheur, pas après pas, sur un sentier de vérité qui mène à soi.

La vie te malmène toujours et encore pour mourir à tes croyances, tordre le cou à tes peurs et le jour où la vie aura cessé de s’en mêler, que tout en nous aura été pacifié, que nous aurons enfin touché du doigt l’Unité, accueilli le grand tout, le clair et l’obscure alors se dessinera devant nous l’éternité.

Je nous souhaite patience et courage à l’infini ♥

 

nb: Photo à la Une -Christ en Gloire Basilique Notre Dame La Chapelle Montligeon- juillet 2018

 

 

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La résilience

La résilience

Ma fille est une étoile

Nom de code Célestine.C emprunté à son arrière grand mère, 50 ans, silhouette menue, chevelure blonde, regard noir profond d’où jaillit sa force de vie, celle la même qui m’a poussée à la rencontrer.

Célestine un prénom tombé du ciel

Je ne connais pas Célestine, les réseaux sociaux nous ont liées grâce à notre activité commune : La peinture. Elle ne publie que rarement sur la toile, un peu d’humour de temps en temps, et tous les 6 mois une photo pour une date anniversaire. C’est en Californie, qu’un de ces posts m’a marquée et de fil en aiguille les mots de Célestine m’ont emmenée vers le film Alabama Monroe et c’est ainsi que j’ai découvert sa blessure. Une cicatrice aujourd’hui longue de 14années, que ni les mots, ni le temps ne semblent effacer.

Pourquoi rencontrer Célestine me direz vous? Je ne sais pas, enfin si, je dirais « pourquoi pas ». L’instinct, une évidence qu’en ce nouveau mois anniversaire de septembre 2018, je devais la contacter, une force me pousse, quelque chose m’appelle chez elle…son étincelle. Elle aurait pu refuser, mais elle m’a ouvert la porte avec de la surprise un peu, de la tendresse beaucoup, de la chaleur énormément, un discours et le regard francs.

Célestine a eu une enfance comme nous autres, avec des vides et des pleins et elle a construit sa vie d’adulte avec ces bagages de l’enfance. A 30ans, c’est une femme heureuse, mariée, vivant dans une belle maison, maman comblée d’un petit garçon, Arthur, et le ventre rond d’une bientôt nouvelle venue : Capucine. Une fleur délicate, de celle qu’on offre pour déclarer son amour.

Février 2003, Capucine a 6ans, elle rentre, en famille, de vacances aux sports d’hiver lorsqu’on lui remarque un léger strabisme. Verdict quelques mois plus tard : tumeur sur le tronc cérébral …incurable. Il lui restait 9 mois, le temps qu’il lui a fallu pour venir au monde. 9 mois dans la dureté du monde hospitalier, dans lequel l’empathie n’est pas innée. 9 mois de chimiothérapie et radiothérapie, 9 mois pour tout perdre, la vue, la vie. 9 mois d’espoir fou, de recherches inespérées, à tenter le tout pour le tout….mais ce ne fut pas assez. 9 mois pour y croire jusqu’au bout, 9 mois d’une mère qui s’en veut plus que tout, de n’avoir pas réussi, le sentiment d’avoir failli, 9 mois pour préparer le geste désespéré, celui de l’accompagner.

15jours après le départ de sa fille, Célestine qui avait tout orchestré tente d’échapper à la douleur mais elle sera rattrapée par l’amour des siens qui lui éviteront la psychiatrie pour son plus grand bien. Depuis la maladie de Capucine, elle est assommée à coups de somnifères et d’anxiolytiques pour garder la tête hors de l’eau et la vie continue en mode automatique. Son fils est alors âgé de 12ans et chez lui la souffrance fait rage, la vie de couple est à panser/penser, les contacts physiques lui sont devenus une épreuve difficile, et une vie de famille est à reconstruire. Malgré une quête de sens désespérée, les êtres sont abîmés, la vague était trop forte, tel un tsunami elle a tout dévasté, elle a tout pris, il ne restait que des morceaux éparpillés.

A force de finir dans le lit de sa fille, elle devine que sa vie vacille, prend la décision dans la chambre de tout vider, pour sauver son fils, mais ce n’était pas encore assez…il fallait tout quitter. Ce fut la descente, déménagement, divorce, déprime et 4ans plus tard à force de chercher la lumière dans le noir, de changement en rupture, après une deuxième tentative avortée, sauvée à nouveau par l’amour des siens, il a fallu la vie continuer.

Un enfant n’en remplace pas un autre

« J’avais tout perdu », ma fille, mon fils à qui je demande infiniment pardon et envers qui je porte une énorme culpabilité. Il était sur son chemin de construction, il a vraiment de quoi m’en vouloir. On retisse des liens depuis 3ans seulement et certainement la colère lui a permis de tenir debout…malgré tout. Je travaillais dans le monde de la déco et quand on me demandait de choisir du rose pour des chambres de petite fille, c’était quelque chose de compliqué, j’avais l’impression de me dédoubler.

La vie sépare puis la vie répare, elle unit les âmes, fait rencontrer l’amour, et lui offre une belle fille qui a le même âge que sa fille, un nouvel amour, salvateur, pour donner naissance en retour. Une enfant annoncée à la même date que l’enfant décédée. C’est alors que pendant la grossesse, à 7 mois exactement, le corps se met à décompenser : insomnies, anorexie, peurs viscérales… les mystères de l’esprit quand le corps n’a pas tout dit. A nouveau ensevelie sous les antipsychotiques, c’est grâce à des rencontres parfaites, une sage femme extraordinaire et une obstétricienne unique que Célestine a pu pousser plus loin le chemin, sans savoir si elle reviendrait du monde où elle glissait à chaque seconde.

Un ange est arrivé, Clothilde il fût nommé. Née à 8 mois, séparée de sa maman elle sera. Mère complètement shootée, incapable de faire un lien avec le nouveau né. C’était sans compter sur les miracles de la vie, un bébé de 3mois qui un instant vous sourit, puis fait prendre conscience de saisir sa chance, et de s’accrocher à l’amour infini. La regarder grandir puis à nouveau craindre le pire, quand les 6ans approchant, les angoisses remontent tambour battant et à nouveau respirer les 7ans passés.

Pour autant, depuis 14ans, les médocs sont toujours bien présents, comme une béquille qui l’empêche de tomber quand au bord du gouffre elle tend à s’approcher. Célestine a érigé une barrière avec sa vie d’avant, pour se protéger, pour ses enfants, pour pouvoir chaque jour avancer et pourtant régulièrement elle tisse des passerelles entre le présent et le ciel.

Tomber 7 fois, se relever 8

Pour quelqu’un qui se dit fragile, je vois une immense force émerger de ton parcours. La vie t’a souvent mise à genou et pourtant tu as toujours trouvé l’énergie nécessaire, même parfois vide de sens sur l ‘instant, de te relever parce que tu as l’étincelle, celle qui te remet en scelle. Si Capucine est quelque part, elle est certainement dans la profondeur de tes yeux si noirs où scintillent des poussières d’étoile et dans cet élan qui te pousse à aller de l’avant.

J’ai voulu retranscrire ton histoire, sans pathos, parce que c’est la façon dont tu m’as partagée ton vécu, à coeur ouvert, avec la détermination qui t’habite de trouver le chemin pour marcher toujours plus loin, avec lucidité. Tu dis « la vie m’a cassée, une partie de moi est morte » et de ces cendres éparpillées, tu as pris en main ta destinée, pour faire naitre un livre outil, destiné aux enfants inquiétés par la maladie, pour leurs parents et peut être aussi pour les soignants. Un outil de médiation que tu as joyeusement illustré, pour les enfants atteints de cancer et aborder les sujets un peu épineux, ceux qu’on ose pas aborder devant eux. « Capucine part en voyage », un livre de quelques pages pour mettre des mots sur les silences qui créent parfois des distances.

« Capucine part en voyage »- téléchargement gratuit

Clin d’oeil de l’existence, aujourd’hui comme une forme de résilience, c’est auprès des enfants des autres que tu t’épanouis en mettant de la couleur dans leur vie. Femme de contrastes, tu portes sur toi un regard sévère, ponctué à l’envie d’ironie, d’humour aussi et on devine sous le corps frêle, la puissance de cet amour inconditionnel qui te donne des ailes.

Mettre les colères à terre et Se pardonner de n’avoir pu faire,

c’est commencer à prendre un peu soin de soi, je crois. ♥

 

A tes enfants..

et à toi Nathalie, Mille Mercis pour ton immense confiance.

 

Source:

Photo à la une, extrait d’une toile de L.Cazenave qui pour moi représente la vie au commencement.

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