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Crossroads

Crossroads

I’m standing at the crossroads
There are many roads to take
But I stand here so silently
For fear of a mistake
One path leads to paradise
One path leads to pain
One path leads to freedom
But they all look the same…

Extrait Crossroads Calvin Russel

Mettre le son!

La vie est faite de chemins que nous empruntons, puis parfois se présente une intersection, se pose alors la question de changer d’orientation ou de poursuivre le cours des choses. Nous avons toujours le choix. Sauter dans l’inconnu demande parfois un temps de réflexion, vais-je prendre la bonne décision? Mais ce n’est qu’au bout du chemin, à la croisée suivante que nous pourrons regarder en arrière et considérer ce que nous avons appris en marchant.

Huit mois que nous sommes arrivés, on dirait que le temps passe comme soufflent les bourrasques et devant nous à quelques mois de là, déjà le parfum du retour qui chatouille nos narines. J’ai souvent bougé, déménagé, suis toujours partie le coeur léger comme si dans chaque lieu j’avais fait ce que j’avais à faire, j’ai toujours fait mes valises sans regret. Comment vous dire aujourd’hui que plus je vois l’échéance qui approche, plus j’ai envie de marcher à reculons, que mes pas voudraient m’entrainer dans la direction opposée.

Quand tu goûtes à quelque chose de nouveau, et que cette saveur réveille tes papilles, les fait danser, tu n’as qu’une seule envie c’est de continuer à manger de ce met délicieux, d’y retourner et à la louche! Parce que ce quelque chose que tu manges d’abord du bout des lèvres, puis que tu happes goulument, c’est comme une bouffée d’oxygène qui vient balayer l’air vicié et ce vent de fraîcheur ouvre des clapets, réveille des espaces endormis, des particules de ton être, gueules béantes que tu ne soupçonnais même pas…enfin tu RESPIRES. C’est vrai, j’oublie souvent, je ne prends pas le temps, suis spécialiste de l’apnée…Respirer vraiment, à gorge déployée, à plein poumon, c’est tellement différent… c’est prendre le temps.

D’abord j’ai maudit venir ici (si, si!), c’était mettre un frein à mes projets puis j’ai fini par regarder ce départ sous un nouveau jour, c’était de toute évidence une CHANCE. J’ai posé mes valises au sens propre comme au figuré. Je me suis réappropriée les minutes et les heures, je me suis déconditionnée d’une certaine forme d’asservissement, d’abrutissement, suis sortie de ma roue de souris qui s’était emballée sous mes pas, me suis coupée de mes exigences, de mes objectifs, de mon impatience à faire, à réussir, à avancer. La vie m’a fait le merveilleux cadeau de me mettre sur pause, hors circuit, pour prendre le recul nécessaire et poser sur le monde un regard neuf.

Cette année m’a enracinée, avant j’étais volatile, j’avais perdu mon point d’ancrage. Comme un bout de papier qui s’égare sur la plage poussé par le vent du large. Certains diront  « ce n’est qu’une parenthèse enchantée ». Certes une parenthèse que j’ai vécue aux antipodes de ma moitié, compressée, essorée, stressée, épuisée par la spirale infernale des exigences du métier. Pourtant je crois sincèrement que la vérité est là sous nos pieds, à mi chemin entre lui et moi, et que cette vie contrastée nous appelle à chercher en permanence le juste équilibre.

Venir ici, c’était prendre un nouvel aiguillage, et sur le parcours j’ai fait de merveilleuses découvertes, grâce aux autres et avec moi même. Le challenge est de maintenir le cap pour arriver à bon port. Au fond en quittant ces lieux,  je crois que j’ai peur, peur de me reperdre dans ce que la vie nous offre parfois d’abrutissant, peur de perdre le fil du trésor que je viens de (re)trouver…liberté. Cependant je réalise jour après jour, que plus j’accepte de ne pas lutter contre les changements qui s’annoncent et que je me mets en posture de les accueillir et de les recevoir comme des cadeaux potentiels, plus je suis habitée par la sérénité, la confiance. Je suis créatrice de mes tempêtes, mes peurs les génèrent et il ne tient qu’à moi d’être une mer paisible et tranquille.

Les Etats-unis ce n’était pas un rêve, pas même la Californie, mais maintenant que j’y suis, je trouve qu’il y a ici quelque chose de spécial dans l’air (en dehors de l’odeur de la marijuana à tous les coins de rue!). La lumière est intense, la nature est souveraine et il en émerge une force qui te pousse à aller plus loin matin après matin. J’ai toujours eu ce besoin d’être près de la Nature, c’est la condition sinequanone, l’ingrédient indispensable à une forme de bien être. San Francisco comme nul part ailleurs, est un lieu d’ouverture, à toutes les cultures, à toutes les différences, un pays de contrastes, aussi bien dans les visages que dans les paysages et où la misère humaine dort au pied d’une richesse extrême. Ici tu peux te permettre d’Etre ce que tu voudras, les esprits ne sont pas cloisonnés, on ne te rira pas au nez.

Certains choix influent assurément le cours de l’existence parce qu’ils font sortir du sentier balisé et nous mènent à la liberté, voie à défricher, fleurie de plantes et fleurs aussi précieuses que rares, jalonnée de paysages vierges qui ne demandent qu’à être explorés. Je peux dès à présent vous certifier qu’il y aura un avant et un après San Francisco, que ce passage en terre « sauvage » aura laissé dans mon fort intérieur (qui n’est pas une forteresse) une empreinte aussi profonde que large. Sans aucun doute, mes pas, j’en suis convaincue me rapprochent de ma véritable nature, parce que je les fais désormais en conscience. J’ai souvent fait des choix malgré moi, influencée par tout un tas de paramètres, qui sont venus faire défauts à mon jugement parce que je n’ai pas su, voulu, pu écouter ce que me dictait le coeur. Pourtant je n’ai aucun regret parce que de tous ces choix parfois douloureux, j’ai appris infiniment. Car la vie est parfaite, n’est ce pas? Elle nous sert sur un plateau tout ce don nous avons besoin pour aller plus loin, le pire comme le meilleur. Et aujourd’hui même si l’horizon au loin reste brumeux et plein d’incertitudes, je sens infiniment que je n’en ai pas fini avec la Californie.

& comme chantait Mano Solo, « tout a une fin, C’est peut-être ça qui est bien »…

Source photo: Pinterest…une fois n’est pas coutume

 

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