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Virus

Virus

La peur

Ce virus est il bien pire que tous ces cancers qu’on s’inocule à coups de produits phytosanitaires, de pollutions dans l’atmosphère, de traitements hormonaux et j’en passe?

Je suis sûre que vous avez tous dans votre entourage au moins une personne qui est passée par la case « cancer ».

Le covid19 a le mérite d’être beaucoup plus franc, moins sournois, on voit le danger arrivé en pleine face contrairement à tous ces cancers qui rentrent dans nos vies à pas feutrés, sans faire de bruit, nuitamment et au petit matin on se réveille en sursautant de ne pas avoir vu par où ni comment.

Le cancer c’est plus de 400 morts par jour et elle est où notre peur qui nous obligerait à repenser le monde? Elle sont où nos prises de conscience radicales pour nous sauver? Regardons nous aujourd’hui au bon endroit? Est ce que notre pire ennemi est le covid19 ou bien nous même?

Je ne suis certainement pas parfaite, je suis comme vous tous dans cette société, embarquée. Je fais de mon mieux mais c’est trop peu. Alors il nous faut un virus qui tape du poing sur la table pour nous donner l’occasion de faire des changements radicaux pour une vie plus stable, plus harmonieuse, ne plus mettre ce sacro-saint « argent » au coeur, celui qui a engendré la plupart de nos malheurs et revoir nos vraies valeurs.

Idéaliste? peut être. Il n’en reste pas moins que le chemin que nous avons emprunté nous mène à la fin de l’humanité.

En 2018, en France métropolitaine, on estime à 382 000 le nombre de nouveaux cas de cancers.

En 2018, en France métropolitaine, on estime à 157 400 le nombre de décès par cancer (67 800 décès par cancer chez les femmes et 89 600 décès par cancer chez les hommes)

source :https://www.e-cancer.fr

Peur de La mort ? Je l’ai frôlée à la minute en 1993, la vie m’a offert 25ans de rab, donc si je devais partir aujourd’hui je serais reconnaissante de toutes ces années que j’ai pu traverser et je sais par ailleurs que ce que nous appelons la fin n’est pas une fin en soi, qu’il y a un après plein d’amour qui nous attend. J’ai reçu ce message de mon vivant. Il existe d’autres dimensions, des mondes auxquels nous accédons pour peu que nous y croyons.

J’ai une foi inébranlable en la vie.

Celle que je regarde chaque matin par la fenêtre, de la grotte où je suis confinée. La nature nous montre que la VIE dans son plus simple appareil est plus forte que tout, que le temps, que l’humain bien évidemment, qu’elle n’a que faire d’un virus, de la peur de la mort, elle poursuit son chemin …éternellement.

Parce que l’aube toujours se lève, que l’homme marche ou crève.

Nous si petits, serions nous prêts à faire un nouveau pari pour la vie?♥

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Shou Sugi Ban

Shou Sugi Ban

Les réminiscences du passé

« La vie est parfois violente pour qui chevauche la mort »- Maudmoiselle

Aujourd’hui la vie m’amène à rencontrer des êtres qui « experiencent » la maladie, en face à face avec la mort, n’ayons pas peur des mots.

Je me souviens…

Il y a un temps dans la maladie, j’entends celle qui fauche, celle qui te fait marcher sur le fil du rasoir, celle qui titille tes nerfs, celle qui réveille tes colères et tes peurs où tu te retrouves dans un sas. Tu fais parti ni des vivants, ni des morts, tu es dans le sas à attendre de savoir quelle porte, quel chemin va s’ouvrir à toi. Parce que j’en suis convaincue aujourd’hui, quelque soit la porte il y a un chemin à poursuivre.

Ce sas est labyrinthique, il t’emmène sur la voie de l’introspection, le but n’est pas de se perdre mais de se trouver justement. Il ne s’agit plus de se battre mais de lâcher prise, il ne s’agit pas de se résigner mais d’accepter. Dans ce sas tu peux paraître absent pour les vivants, parce que toute ton énergie est tournée vers trouver l’issue (quelle qu’elle soit)….la paix dans l’âme.

Je me souviens…

La bombe, les cinq mois d’hospitalisation, les chimios, les douleurs physiques, la souffrance morale, les colères, les désespoirs, les néants, le vide, l’inconnu, les éclats de rire aussi parfois, la joie, l’amour, l’amitié, et je me souviens du pire.

Un beau jour de septembre on te dit « c’est bon, c’est fini, vous pouvez rentrer. » Sauf qu’entre temps ta vie a été totalement dévastée, tu n’as fait que survivre.

Tu te retrouves un beau matin devant la glace en pied immense de la salle de bain, imberbe, bouffie par les traitements, une étincelle étrange dans le regard et tu ne sais plus qui est cet être dans le miroir. A cet instant même où j’étais enfin « sauvée », j’avais envie de mourir. Tous ces morceaux de moi que la maladie avait éparpillés, me confrontaient au vide absolu, sidéral.

Et à ce moment précis de l’existence, quelqu’un sonne à la porte : Ma meilleure amie. Devant ce néant, je suis incapable d’aller vers, de donner, d’accueillir, de tendre une main, de faire un geste, d’être…socialement, j’étais tout court et c’était compliqué. Je m’effondre alors dans un coin de cette salle de bain, submergée par les larmes, prostrée, la tête sur les genoux, emplie d’une douleur et d’une tristesse qui dépassent les murs. Recevoir la vie, c’était me demander l’impossible, je ne pouvais pas.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, voir les autres partir de bon matin, vaquer à leurs occupations, l’air serein.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, de reprendre la vie comme si de rien, quand on se sent être une terre brulée, un être dévasté.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, de papoter, de parler d’un air léger, quand tu reviens de loin.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, ça demande aux autres beaucoup d’humilité, des trésors de patience, et de l’amour en avalanche.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, mustang prêt à te désarçonner alors que ton corps s’accroche à la vie « à mort ».

Vous allez vous dire, ce n’est pas gai, gai comme aparté, mais la vie n’est pas toujours gai vous le savez. De temps en temps, au détour d’un instant, elle nous ressert le passé, comme pour te dire de ne pas oublier ce qui a été expérimenté et te rappeler qu’au bout du bout, la clé, c’est d’accepter, le corps tel un cathéter, se laisser pénétrer par l’énergie de l’univers.

Je finirais sur cette belle allégorie de la vie

Connaissez vous la technique japonaise appelée Shou-Sugi-Ban. C’est une technique qui consiste à bruler le bois de construction des maisons pour le rendre plus résistant aux uv, aux insectes, aux intempéries. On brûle plus ou moins, on gratte plus ou moins, ce qui permet d’obtenir toute une gamme de noirs. La surface devient dure en se carbonisant, opaque et douce comme de la peau si on la débarrasse de tous les résidus de bois brûlé. Cette technique anoblit les matériaux, fascine par les noirs profonds qu’elle suscite, tour à tour mats ou brillants.

Soyez fier de toute votre gamme de noirs, car ce qui ne tue pas rend définitivement plus fort ♥

A JM&C

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La résilience

La résilience

Ma fille est une étoile

Nom de code Célestine.C emprunté à son arrière grand mère, 50 ans, silhouette menue, chevelure blonde, regard noir profond d’où jaillit sa force de vie, celle la même qui m’a poussée à la rencontrer.

Célestine un prénom tombé du ciel

Je ne connais pas Célestine, les réseaux sociaux nous ont liées grâce à notre activité commune : La peinture. Elle ne publie que rarement sur la toile, un peu d’humour de temps en temps, et tous les 6 mois une photo pour une date anniversaire. C’est en Californie, qu’un de ces posts m’a marquée et de fil en aiguille les mots de Célestine m’ont emmenée vers le film Alabama Monroe et c’est ainsi que j’ai découvert sa blessure. Une cicatrice aujourd’hui longue de 14années, que ni les mots, ni le temps ne semblent effacer.

Pourquoi rencontrer Célestine me direz vous? Je ne sais pas, enfin si, je dirais « pourquoi pas ». L’instinct, une évidence qu’en ce nouveau mois anniversaire de septembre 2018, je devais la contacter, une force me pousse, quelque chose m’appelle chez elle…son étincelle. Elle aurait pu refuser, mais elle m’a ouvert la porte avec de la surprise un peu, de la tendresse beaucoup, de la chaleur énormément, un discours et le regard francs.

Célestine a eu une enfance comme nous autres, avec des vides et des pleins et elle a construit sa vie d’adulte avec ces bagages de l’enfance. A 30ans, c’est une femme heureuse, mariée, vivant dans une belle maison, maman comblée d’un petit garçon, Arthur, et le ventre rond d’une bientôt nouvelle venue : Capucine. Une fleur délicate, de celle qu’on offre pour déclarer son amour.

Février 2003, Capucine a 6ans, elle rentre, en famille, de vacances aux sports d’hiver lorsqu’on lui remarque un léger strabisme. Verdict quelques mois plus tard : tumeur sur le tronc cérébral …incurable. Il lui restait 9 mois, le temps qu’il lui a fallu pour venir au monde. 9 mois dans la dureté du monde hospitalier, dans lequel l’empathie n’est pas innée. 9 mois de chimiothérapie et radiothérapie, 9 mois pour tout perdre, la vue, la vie. 9 mois d’espoir fou, de recherches inespérées, à tenter le tout pour le tout….mais ce ne fut pas assez. 9 mois pour y croire jusqu’au bout, 9 mois d’une mère qui s’en veut plus que tout, de n’avoir pas réussi, le sentiment d’avoir failli, 9 mois pour préparer le geste désespéré, celui de l’accompagner.

15jours après le départ de sa fille, Célestine qui avait tout orchestré tente d’échapper à la douleur mais elle sera rattrapée par l’amour des siens qui lui éviteront la psychiatrie pour son plus grand bien. Depuis la maladie de Capucine, elle est assommée à coups de somnifères et d’anxiolytiques pour garder la tête hors de l’eau et la vie continue en mode automatique. Son fils est alors âgé de 12ans et chez lui la souffrance fait rage, la vie de couple est à panser/penser, les contacts physiques lui sont devenus une épreuve difficile, et une vie de famille est à reconstruire. Malgré une quête de sens désespérée, les êtres sont abîmés, la vague était trop forte, tel un tsunami elle a tout dévasté, elle a tout pris, il ne restait que des morceaux éparpillés.

A force de finir dans le lit de sa fille, elle devine que sa vie vacille, prend la décision dans la chambre de tout vider, pour sauver son fils, mais ce n’était pas encore assez…il fallait tout quitter. Ce fut la descente, déménagement, divorce, déprime et 4ans plus tard à force de chercher la lumière dans le noir, de changement en rupture, après une deuxième tentative avortée, sauvée à nouveau par l’amour des siens, il a fallu la vie continuer.

Un enfant n’en remplace pas un autre

« J’avais tout perdu », ma fille, mon fils à qui je demande infiniment pardon et envers qui je porte une énorme culpabilité. Il était sur son chemin de construction, il a vraiment de quoi m’en vouloir. On retisse des liens depuis 3ans seulement et certainement la colère lui a permis de tenir debout…malgré tout. Je travaillais dans le monde de la déco et quand on me demandait de choisir du rose pour des chambres de petite fille, c’était quelque chose de compliqué, j’avais l’impression de me dédoubler.

La vie sépare puis la vie répare, elle unit les âmes, fait rencontrer l’amour, et lui offre une belle fille qui a le même âge que sa fille, un nouvel amour, salvateur, pour donner naissance en retour. Une enfant annoncée à la même date que l’enfant décédée. C’est alors que pendant la grossesse, à 7 mois exactement, le corps se met à décompenser : insomnies, anorexie, peurs viscérales… les mystères de l’esprit quand le corps n’a pas tout dit. A nouveau ensevelie sous les antipsychotiques, c’est grâce à des rencontres parfaites, une sage femme extraordinaire et une obstétricienne unique que Célestine a pu pousser plus loin le chemin, sans savoir si elle reviendrait du monde où elle glissait à chaque seconde.

Un ange est arrivé, Clothilde il fût nommé. Née à 8 mois, séparée de sa maman elle sera. Mère complètement shootée, incapable de faire un lien avec le nouveau né. C’était sans compter sur les miracles de la vie, un bébé de 3mois qui un instant vous sourit, puis fait prendre conscience de saisir sa chance, et de s’accrocher à l’amour infini. La regarder grandir puis à nouveau craindre le pire, quand les 6ans approchant, les angoisses remontent tambour battant et à nouveau respirer les 7ans passés.

Pour autant, depuis 14ans, les médocs sont toujours bien présents, comme une béquille qui l’empêche de tomber quand au bord du gouffre elle tend à s’approcher. Célestine a érigé une barrière avec sa vie d’avant, pour se protéger, pour ses enfants, pour pouvoir chaque jour avancer et pourtant régulièrement elle tisse des passerelles entre le présent et le ciel.

Tomber 7 fois, se relever 8

Pour quelqu’un qui se dit fragile, je vois une immense force émerger de ton parcours. La vie t’a souvent mise à genou et pourtant tu as toujours trouvé l’énergie nécessaire, même parfois vide de sens sur l ‘instant, de te relever parce que tu as l’étincelle, celle qui te remet en scelle. Si Capucine est quelque part, elle est certainement dans la profondeur de tes yeux si noirs où scintillent des poussières d’étoile et dans cet élan qui te pousse à aller de l’avant.

J’ai voulu retranscrire ton histoire, sans pathos, parce que c’est la façon dont tu m’as partagée ton vécu, à coeur ouvert, avec la détermination qui t’habite de trouver le chemin pour marcher toujours plus loin, avec lucidité. Tu dis « la vie m’a cassée, une partie de moi est morte » et de ces cendres éparpillées, tu as pris en main ta destinée, pour faire naitre un livre outil, destiné aux enfants inquiétés par la maladie, pour leurs parents et peut être aussi pour les soignants. Un outil de médiation que tu as joyeusement illustré, pour les enfants atteints de cancer et aborder les sujets un peu épineux, ceux qu’on ose pas aborder devant eux. « Capucine part en voyage », un livre de quelques pages pour mettre des mots sur les silences qui créent parfois des distances.

« Capucine part en voyage »- téléchargement gratuit

Clin d’oeil de l’existence, aujourd’hui comme une forme de résilience, c’est auprès des enfants des autres que tu t’épanouis en mettant de la couleur dans leur vie. Femme de contrastes, tu portes sur toi un regard sévère, ponctué à l’envie d’ironie, d’humour aussi et on devine sous le corps frêle, la puissance de cet amour inconditionnel qui te donne des ailes.

Mettre les colères à terre et Se pardonner de n’avoir pu faire,

c’est commencer à prendre un peu soin de soi, je crois. ♥

 

A tes enfants..

et à toi Nathalie, Mille Mercis pour ton immense confiance.

 

Source:

Photo à la une, extrait d’une toile de L.Cazenave qui pour moi représente la vie au commencement.

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Je suis Bipolaire

Je suis Bipolaire

Je connais côtoie Céline depuis mon arrivée à Frisco, ce que je vois d’elle: une fille joviale, dynamique, au franc parlé. C’est à l’occasion d’une conférence de Martin Winckler sur le sujet « La relation Soignant/Patient » que j’apprends publiquement de par sa bouche que Céline est bipolaire. J’en suis forte étonnée, à me dire que je n’avais rien vu, mais à quoi pouvais-je donc m’attendre? Un hydre à deux têtes ou bien qu’elle se colle une étiquette sur le front?

Céline a 36 ans, deux enfants, mariée depuis 15 ans et me confirme n’être en rien un monstre, ni nymphomane (la joie des amalgames!). De ses mots entendus lors de cette rencontre, dont notamment « je ne veux plus avoir honte », me vient l’idée de la contacter et de faire de mon ignorance un sujet qui permettra, je l’espère, de changer nos regards pas toujours bienveillants. Martin Winckler comme trait d’union de cet aparté avec comme crédo l’expérience des uns nourrit l’expérience des autres.

Céline est une fille « normale », initialement coiffeuse, elle a également eu l’opportunité d’écrire des guides touristiques, fut event manager et a voyagé dans de nombreux pays. Originaire de Guyane, elle rencontre son mari à Toulouse. Pas très à l’aise avec la mentalité française et ses codes, n’ayant jamais vécu avec des blancs, « je ne me sens pas tellement blanche », tu m’en diras tant pour une blonde aux yeux bleus ! Elle est rassurée, souvent, de croiser des noirs dans la rue « ouf je ne suis pas toute seule ». Enceinte a 21 ans, elle a ses deux enfants à 15 mois d’intervalle, de là commence la ronde des déménagements Montréal, Miami, Allemagne, Chili, Australie (5ans), Los Angeles (1an), Finlande (1an), Qatar (1an), et Frisco depuis 1 an.

« J’ai commencé à réaliser que quelque chose n’allait pas lorsque j’étais enceinte de mon premier enfant », je ne savais pas bien ce que c’était. J’ai voulu être enceinte mais je crois que j’ai raté un stade, je suis passée de post ado à maman et je me suis sentie un peu perdue. Tout allait très vite, on s’est mariés, on a acheté une maison, une voiture, et nerveusement je ne tenais pas le coup du tout. J’étais tout le temps fatiguée et j’avais …envie de mourir alors que je venais d’être maman, je ne comprenais pas ce qui se passait. Les médecins et la sage femme qui me suivaient ont fini par mettre cela sur le compte d’une dépression post partum, mais je n’osais en parler à personne, pas même à mon mari, je me sentais coupable, j’avais l’impression d’être un monstre. Le symptôme récurant était que j’avais vraiment « envie de crever ».

La dessus je tombe enceinte du deuxième, les hormones de la grossesse mettent mystérieusement mon état en veille, puis deux mois après l’accouchement, j’ai le mal être qui revient avec une puissance décuplée. Ma chance c’était qu’à cette période nous étions à Montréal où vivait ma meilleure amie qui est médecin. Elle avait aussi une passe difficile dans sa vie, on se soutenait mutuellement. Mon mari était très pris par son travail et j’avais les enfants à temps plein, c’était difficile avec deux petits mais comme ça peut l’être pour beaucoup d’autres mamans.

La bipolarité c’est en fait une succession de hauts et de bas, mais de hauts très haut et de bas très bas, une vie en yoyo qui t’emmène vers les extrêmes. « Demain je suis la présidente de la République si je veux! » 😉 et après ça je tombe au fond du trou, je ne vaux rien et tout ce que je fais est nul. Je passe du tout ou rien dans un intervalle très mince, de peu de jours. Mon corps aussi subissait le même régime, mon poids pouvait fluctuer en fonction des crises.

J’ai les mêmes émotions que tout le monde mais en version exagérée. Le problème viendrait du cerveau qui oublie de fabriquer l’hormone qui stabilise les émotions…enfin c’est ce que j’ai lu.

L’élément déclencheur pour me faire traiter est le jour où  j’ai failli mettre mes enfants et moi même en danger…genre comme l’envie soudaine de se jeter sous un bus.

Dans un sursaut de conscience mais avec la panique de ce qui avait pu lui passer par la tête Céline appelle son amie et file à l’hôpital où on lui administre un anti dépresseur naturel, « Ne vous inquiétez pas ça va passer », comme si ce qui se tramait depuis des mois allait s’envoler comme par enchantement. Je ne comprenais pas mon mal être, j’ai une famille que j’aime, un mari plutôt pas mal, des enfants en bonne santé, aucune raison de trainer ce mal être.

A un moment, au Chili, je me suis passionnée pour la couture, je pouvais coudre des robes toute la semaine en ne dormant que 3 heures par nuit, jusqu’à ce que je réalise que quelque chose n’allait pas.

Ma première chance est d’avoir une espèce de zone tampon qui me permet de prendre une certaine distance par rapport à mes comportements et d’avoir l’éclair de lucidité qui me fait comprendre que ma façon d’être est disproportionnée.

Ma seconde chance est d’avoir un mari très exigeant, qui ne m’a jamais considérée comme « malade », peut être folle mais ça il ne l’a jamais dit (;) ) du coup il ne me laisse rien passer. De fait je réfrène mes ardeurs, j’ai peur de me faire engueuler.

De médecins généralistes, en psychiatres, en psychologues, de doses d’antidépresseur décuplées pour tenter de l’anesthésier, d’ordonnances renouvelées sans précaution, de confiance égratignée en la médecine, en diagnostic de dépressive….Céline en arrive enfin au mot bipolaire (dont le diagnostique est posé généralement au bout de 5 à 6ans).

Mon état est allé crescendo de pays en pays, l’instabilité géographique participant au processus…ce que je n’ai su qu’une fois « étiquetée » bipolaire. L’Australie fut un  » festival ». Je n’arrivais parfois même plus à me lever, je ne mangeais plus, je buvais beaucoup, je mentais, je racontais n’importe quoi…ce qui a postériori était très gênant. Toutefois j’avais une espèce de « garde fou » qui me disait de ne pas tomber dans les addictions et mon refuge quand ça ne va pas, c’est le sommeil.

Je suis une maman avant tout et mes enfants m’apportent énormément, c’est aussi beaucoup pour eux que j’ai toujours voulu garder la tête hors de l’eau et ne pas me noyer dans les anti dépresseurs. J’ai fini par rencontrer une psychologue en Australie, une antillaise, qui a finit par me dire entre autre que la bipolarité c’est une maladie pas un choix. Il m’a fallu un temps pour accepter la médication quotidienne, je savais que c’était difficile pour mon mari et mes enfants, je me suis convaincue que si je ne me soignais pas, je passais du statut de victime à bourreau… pas possible pour moi. Je pense pouvoir dire que depuis on a retrouvé un équilibre.

Par ailleurs j’ai toujours été très dure avec mon ainée parce que j’ai toujours eu peur qu’elle devienne comme moi. Je m’en voulais aussi de n’avoir pas été parfaite à son arrivée et d’avoir parfois pensé que si elle n’était pas venue au monde j’aurais évité cette grosse crise dont je n’arrivais pas à émerger.  Alors je me suis mise à lui dire souvent que je n’étais pas toujours celle que je voudrais. Dès 4 ans elle disait à son petit frère « Chut! Maman elle a mal à la tête » parce que  je ne supporte pas le bruit quand je suis en crise. Quant à mon fils, il est très câlin et il voit quand ça ne va pas, et dans ces cas là il me fait parler. D’ailleurs je leur ai toujours parlé de ce qui se passait, je ne voulais pas qu’ils se sentent responsables.

Encore aujourd’hui, quand ça ne va pas, je m’isole, j’arrête de répondre au téléphone, je me réfugie dans le sommeil, je lance des signaux, je préviens, je conseille de prendre de la distance…dire c’est le meilleur moyen. C’est sain qu’on puisse en parler simplement, voire en plaisanter. Parce que ma crainte c’est que « ça » arrive à mes enfants, sachant qu’il y a un terrain familial et je me dis que le fait d’en parler, je le fais aussi pour eux pour que si demain « ça » leur arrive, ils ne se pensent pas fous ou n’en fassent pas un tabou, ils perdraient moins de temps que moi et pourront sans doute continuer à avancer.

Un jour j’ai fini par tomber sur un article sur internet parlant de la Bipolarité (ex maniaco dépression) et c’était tellement « ça », par contre mon mari n’adhérait pas du tout, parce que je savais noyer le poisson et mettre des barrières entre les autres et ma bipolarité. Alors que je croyais être folle depuis 10 ans, je mets enfin un nom sur ce que je vis. Sachant que ça se soigne, c’est plutôt porteur d’espoir. Par contre je déconseille à tout le monde d’aller lire les forums sur le net, on y voit de tout, surtout le pire et de quoi vous enfoncer dans le désespoir. A savoir qu’il y a différentes Bipolarités, il existe 3 niveaux. De ce constat on a changé mon traitement et mes oscillations d’humeur se sont faites moins importantes avec moins d’amplitude. Désormais je n’ai plus à faire à des antidépresseurs mais à un régulateur d’humeur.

Des bipolaires j’en connais d’autres et y en a de plus en plus qui sortent du placard, et tout déséquilibre (de couple, familial, professionnel, problème financier ou autre)  est potentiellement un facteur aggravant.

Ce matin avant de partir alors que je regardais un documentaire sur la bipolarité qui faisait part de la souffrance possible des enfants, je me retourne vers les miens et je leur demande « Vous en souffrez que maman soit bipolaire? » « Heu non c’est comme si t’avais tes règles tout le temps! » « t’es une maman comme toutes les autres, t’es même plutôt cool! »…et là je me dis que j’ai rien raté 🙂

« au bout du compte, je relativise, je m’en tire plutôt bien. »

Merci Céline de ta confiance, de ton regard franc, de ta simplicité à dire avec humour.

Bonne route♥

Toujours dans l’échange, si vous souhaitez commenter, partager vos expériences ou poser des questions, vous êtes toujours les bienvenus.

Sur les conseils de Céline: lebipolaire.com & une intervention de Michel Bourin spécialiste du sujet

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Tatoué

Tatoué

Les bleus à l’âme

Ta peau comme un parchemin, ici des tatoués, tu en croises tous les matins. La peau pour dire, comme un ultime désir, en couleur ou en noir, pour raconter une histoire, un dessin comme un miroir de ce qui marque nos destins.

Tatoués …par la vie, je CROIS que nous le sommes tous d’une certaine façon, par des évènements heureux, par d’autres plus douloureux, au dehors comme au dedans, la vie balise son passage sûrement.

N’allez pas vous y tromper, je n’ai rien à étaler, pas question de faire pleurer, c’est juste une affaire de partage, un chemin qui peut aider, malheureusement on ne part pas tous avec les mêmes bagages…

Mon Premier Taouage: Leucémie aigüe

C’est un tattoo un peu brutal, voire violent mais Je CROIS que si je devais le représenter, je ferais un beau soleil, avec tout le respect que j’ai pour ceux qui sont dans l’épreuve, pour ceux qui y sont restés, cet évènement a « illuminé » ma vie, il m’a apportée une vraie lumière sur le monde qui m’entoure. On m’a privée de mes sens, on m’a isolée, enfermée entre quatre murs, on m’a fait des misères, un brin de torture, puis j’ai redécouvert le vent sur ma peau, le chant des oiseaux, je me suis nourrie de la force de l’océan, et j’ai pu enfin retrouver la joie de la douceur des joues de ma maman. J’ ai côtoyé le pire et le meilleur et je suis à nouveau née.

Leucémie, ce n’est pas le titre d’un film, je CROIS que ce serait plutôt une vilaine comédie, entre toi et la vie qui se jouerait plutôt dans les graves. Le sujet me (re)tourne autour depuis quelques temps, comme si la vie me sollicitait en insistant, il toque à ma porte régulièrement comme pour me dire « fais en quelque chose maintenant ». La vie est assez têtue finalement, quand elle veut te faire comprendre quelque chose, elle te le ramène incessamment sur le rivage, jusqu’à ce que tu saches comment tourner la page.

Décembre 2015, on a mis 22ans à en (re)parler à la maison, confession sur le canapé, comme pour crever certains abcès. Puis en Juillet 2016, à nouveau les souvenirs émergent, par la promotion au titre de Patron de L’institut national du cancer, de celui qui m’a sauvée la vie en 1993. Le sujet revient il y a quelques semaines  encore avec Alabama Monroe, une pierre deux coups, le film parle tatouages et leucémie, comment chacun accueille la vie, comment on encaisse les coups et comment on se remet debout…ou pas. Enfin pas plus tard que la semaine dernière, c’est ma belle-fille de 16ans,  qui après 7ans de vie commune, me demande après dîner de lui raconter.

Je réalise alors combien je suis tatouée par ces 6 mois d’hospitalisation, puis par les années qui ont suivi. Combien tout est vif aujourd’hui encore dans mon esprit, combien toute cette période m’a collée à la peau, faisait partie de mes nuits, de mes jours, toujours lovée dans un coin de ma tête, plaquée au coeur, présente dans chacun de mes pas, dans chacune de mes respirations…je CROIS que pendant  longtemps tous ces moments sont restés omniprésents.

A l’époque, pas de psy pour t’aider, pour déverser la colère, les questions, pas d’ateliers pour apprendre à t’accepter, imberbe, à mi-chemin entre le bonhomme Michelin (bouffie que tu es par les chimios) et Sigourney Weaver dans Alien…vous voyez le tableau?! Je CROIS que la seule chose qu’on m’ait envoyée c’est une religieuse, elle m’a fait peur, j’ai cru qu’elle venait pour l’extrême onction…je l’ai expédiée sans explication!

Faut que je vous confie un secret, quelques jours après être arrivée aux urgences, dans l’unité Siguier du service d’hématologie du CHU d’Angers, j’ai du signer (19ans à peine) à 40° de fièvre un papier qui demandait mon accord pour qu’on teste sur mon cas un traitement venant des Etats-Unis …donc je CROIS que  je suis actuellement en plein pèlerinage!. J’espère juste qu’il aura sauvé la peau de beaucoup d’autres comme il a sauvé la mienne.

12 mois, c’est le temps qu’il m’a fallu pour lutter, encaisser et me relever. C’est photographique, de vrais instantanés, un concentré d’émotions, la maladie ce catalyseur à la con. Faudrait vous dire comment l’encre se glisse doucement sous la peau,  comment l’esquisse prend forme, jour après jour, comment le trait s’affine avec amour. Il n’y aurait aucune impudeur à raconter, la bulle, l’isolement, la coupe Kojak, la greffe, le rire, les larmes, la douleur physique, la souffrance psychologique, la peur, le noir, la solitude, le désespoir des malades autour…et puis l’amour, beaucoup d’amour. Parce que raconter peut sans doute aider certains sur le chemin. Parce que je CROIS que même si tout ton entourage fait preuve de compassion, tu ne trouves la véritable compréhension que dans le regard de ceux qui vivent la même condition.

En hommage à tous les tatoués, ceux qui sont partis trop tôt, ceux qui sont restés et ceux qui luttent encore, dites vous que sous chaque épreuve se cache un fabuleux trésor : cette rencontre avec vous même. Je ne souhaite de cancer à personne, mais cette épreuve a changé mon regard à bien des égards, quand tu passes par ce genre de chose, après la vie c’est comme un éléphant rose. Je CROIS définitivement que ça ne veut pas dire que désormais tout ira bien, c’est juste qu’on t’a remis quelques cartes en main.

Je CROIS que si je devais me faire tatouer demain, je choisirais BELIEVE, parce que CROIRE, par dessus tout c’est ce qui m’a sauvée à vie.

Chiche !

Source : Creative Fan

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