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DJ Fari : Un parcours, une femme

DJ Fari : Un parcours, une femme

Farinaz Agharabi ou DJ Fari un nom à retenir.

J’ai rencontré Farinaz lors d’un petit déjeuner du Lycée Français, et je me rends compte que bien souvent quand j’évoque Farinaz, elle est au rang des anonymes. Restaurons lui sa place. Vous ne la connaissez pas ? Elle est pourtant partout! Très investie sur les 3 campus, Ashbury, Sausalito et Ortega, c’est elle que vous voyez armée d’une caméra ou d’un appareil photo à chacun des évènements.

Côté fun, Farinaz, est à la tête d’une émission de radio appelée FRANCOFUN pour les amoureux des chansons francophones …underground, bref tout sauf du commercial. Une radio web que vous pouvez écouter sur www.savekusf.org ou www.sfcommunityradio.org. Une émission francophone à San Francisco, Pourquoi? Comment? Et comme derrière cette performance se cache une femme…voici la femme.

On se retrouve au FlyWheel Coffee (une adresse à retenir pour les amoureux du café), il pleut à verse et on se love à l’abri. La chaude voix de Farinaz est singulière, avec son doux accent, un peu rauque, un peu rock…Interview…

Je suis née en Iran, je suis allée dans une école française à Téhéran, une vieille école de plus de 100ans de l’époque du Shah. J’ai eu une éducation franco-iranienne, parce que mon père était un grand francophile, il avait été lui même à l’école française. La révolution de 1978, la guerre avec l’Irak, a tout bouleversé et cette école n’a plus été ce qu’elle était. Nice était notre ville de coeur, mon père y avait des liens professionnels, nous y sommes allés à plusieurs reprises.

Ne pouvant continuer nos études en Iran, mon père a envoyé mon frère de 14ans dans une famille française …à Nice. On attendait la réouverture des frontières pour que je puisse faire de même, et j’ai suivi à l’âge de 17 ans. J’avais fait une demande pour les universités de Caen et Nice…et j’ai été acceptée à Caen! J’ai écrit « la lettre de ma vie » à l’université de Nice pour défendre ma cause, chose qui ne se faisait pas à l’époque.  Je ne pouvais pas retourner dans mon pays à cause de la guerre, Nice avait toujours été dans notre vie et je voulais être proche de mon frère… ils ont accepté, suis entrée en Maths/physique.

C’était le début des années 80 et de l’informatique, et quand on a commencé le premier cours, j’ai su que c’était ma voie, je voulais programmer des films d’animation,  mais il n’existait qu’une école de 30 élèves à Paris. J’ai voulu prendre un chemin de traverse et aller à l’IUT mais il fallait un bac franco/français et non franco/iranien. Donc pour pouvoir avoir un diplôme français pour ensuite faire l’IUT, j’ai choisi de faire une maîtrise de littérature d’anglais alors que je n’avais pas appris l’ anglais…autant te dire que ça été dure! et j’ai mené de front un DEUG d’Art communication Langages à la fac de lettres où je faisais de l’informatique.

Quand j’ai eu fini mes études j’avais 24 ans, j’avais toujours une carte de séjour étudiante et j’avais besoin d’une carte de travail et pour cela je devais rester 3 ans supplémentaires en France…sans travailler. J’ai fait le choix de suivre mon frère qui était au Canada depuis 2 ans. 9 mois ont été nécessaires pour obtenir mon visa d’immigration, ce fut rapide car j’étais seule en France, je voulais me rapprocher de mon frère et mon domaine de compétences, informatique et traduction, était sur le haut de la liste des profils recherchés. Suis arrivée à Québec, j’ai trouvé du travail, c’était facile j’étais francophone, sauf qu’en anglais je pouvais te faire une analyse d’un poème de Shakespeare mais j’étais incapable d’utiliser le langage courant!…J’ai appris. On faisait des diapositives sur film, c’est alors que j’ai rencontré mon mari qui faisait les vidéos.

Suis restée 10 ans à Montréal, on a déménagé pour des raisons de santé en Californie…j’étais « allergique » à Montréal, j’avais besoin de soleil. A SF, j’ai commencé comme chef de projet informatique, puis après un nouvel aller/retour à Montréal, on a fini par revenir. J’ai eu mes enfants très tard en 2006 et j’ai arrêté de travailler pendant 2 ans. J’ai repris comme traductrice et comme j’ai toujours eu un pied dans la musique, notamment la guitare (j’avais fait le conservatoire de Cagnes sur mer), j’ai été présidente de la société de guitare de Montréal, avec mon bagage culturel et musical j’ai fini par être présidente de la société de guitare de SF 2 mois après mon arrivée soit en Aout 2000 et ce jusqu’à la naissance de mes enfants. Un mois plus tard, en septembre 2000,  une radio qui cherchait une animatrice a appelé, on m’a demandée si j’étais intéressée. J’avais déjà fait de la radio par deux fois au Canada…je me suis lancée….la radio c’était KUSF 90.3FM.

En 2011, la licence est vendue par l’université de SF pour 4 Millions de $ à l’université de San Diego et on a été sortis des grandes ondes, ce qui n’a pas été sans luttes. Quand elle a été arrêtée c’était après 33 ans de radio communautaire, indépendante, universitaire. On s’est alors appelé KUSF in exile, depuis 2 ans nous sommes un organisme à but non lucratif, et on mène une grosse levée de fonds à fond puisque nous avons besoin de 50K$ d’équipements et 200K$ de prévision de frais de fonctionnement pour les deux ans à venir, pour être l’an prochain à nouveau sur 102.5FM et enfin retrouver l’esprit radio.

J’ai commencé à diffuser de la chanson francophone en 2002 lors d’une première émission « Spotlight » qui a eu un réel succès, cependant elle ne devait avoir lieu que tous les deux voire trois mois, et mon créneau s’appelait déjà FRANCOFUN….puis en 2005, elle est devenue hebdomadaire et ultra populaire et se développait crescendo. J’y invitais des artistes de passage et des personnalités francophones de la région. C’est la passion qui m’animait, les années que j’ai passées en France, ont été très formatrices, elles ont été le socle de l’adulte que je suis devenue.

« Il ne faut pas arrêter de prendre des initiatives dans la vie, je ne suis pas perfectionniste, j’essaie d’aller vers…il faut continuer toujours, ne pas dormir trop souvent »

Mon père est venu un jour me voir à Montréal, quelques mois avant sa mort, il avait 62 ans. Je n’étais plus dans ma petite chambre d’étudiante de Nice, je travaillais, j’avais un appartement mais presque pas de meubles, juste un sofa. Il est revenu le lendemain avec un poste de télévision, c’était le bonheur, il était fier de moi, que j’ai réussi au prix de toutes ses années loin des miens.

Nous aussi nous sommes fiers d’avoir une émission FRANCOFUN à SF, le samedi matin de 11h à Midi avec uniquement de la new music!

Avis aux Bordelais, DJ Fari travaille avec UN collaborateur Dominique Ollivier, que vous retrouvez dans « les chroniques de Domi » et qui est basé à …Bordeaux.

Soutenez FRANCOFUN, écoutez DJ Fari le samedi matin

(voire faites un don…)

et dites nous ce que vous en pensez !

Merci Farinaz…♥

Source: Photo de DJ Fari prise par son fils DJ Flying Japan (et oui ses fils de 10 et 6 ans, Dj Panda, sont aussi dans le coup…la relève est assurée!)

 

 

 

 

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