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Le Passage

Le Passage

Le Pas Sage

 

-Dis tu crois qu’il y a quoi après la mort?

-…Une autre forme de vie.

-Ah et pourquoi tu penses ça toi?

-Parce que j’ai déjà vécu des expériences extra-ordinaires qui sont venues dans mon existence juste pour me faire comprendre ce message.

-C’est à dire extra-ordinaire???

-Des histoires qu’on ose pas raconter parce que les autres vont vous prendre pour une illuminée. Enfin pour ma part j’en parle très librement comme quelque chose faisant partie d’un tout. Tu sais c’est le genre d’histoire qui fait peur parce que c’est tellement loin de notre réalité, loin de celle qu’on nous apprend à regarder.

-Est ce que tu peux me raconter?

-Pourquoi pas? Je ne sais pas pourquoi elles me sont arrivées à moi mais c’est qu’il doit y avoir une bonne raison, non? peut être celle de partager ces vécus même si peut être tu les jugeras farfelus.

La toute première fois

La « fausse » toute première fois, je devais avoir 36, 37 ans, un évènement qui fut bouleversant. Ma fille était petite, je passais quelques jours chez mes parents.

Plusieurs nuits de suite je me réveille à 3hOO, pas 2h58 ou 3h08, non, 3h00. Cette 3eme ou 4eme nuit où je me réveille à 3h00, j’allume la lumière de ma lampe de chevet et je ressens une présence autour de mon lit, je ne vois pas, je ressens. Je suis seule dans ma chambre sur tout le 1er étage mais je sens cette présence ou plutôt cette énergie qui se déplace autour du lit.
Mon coeur s’emballe alors en mode panique. J’essaie de me raisonner, je me cache sous la couette, ma température corporelle monte dans les tours…ce qui s’appelle perdre ses moyens. « Nan mais à ton âge ça va pas bien de croire aux fantômes!!! »
C’est alors que je sens que quelque chose me pénètre douloureusement par le thorax. La douleur est mémorable. Puis je touche mon bras droit et j’ai la sensation étrange que mon bras n’est plus mon bras, comme si j’en avais perdu la sensitivité. Idem pour le gauche. Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Après plusieurs minutes, j’avoue je perds complètement la notion du temps, complètement déboussolée, je sors de ce lit et de cette chambre pour me réfugier au rez de chaussée dans la chambre de ma fille mais je sens que « C’est  » toujours là.
Au petit matin dans l’entrebâillement de la porte je vois mon père passer dans le couloir éclairé et j’essaie de l’appeler en vain, des sons rauques sortent de ma bouche qui ne ressemblent à aucun mot que je connais et je ressens instantanément, la même douleur par le même passage au Thorax, cette chose qui quitte mon corps.
Je me lève et j’arrive dans la cuisine, en larmes devant mes parents tentant d’expliquer l’inexplicable.
Ma mère essayant de rationaliser en me demandant si je n’avais pas pris quelque chose comme un cachet avant de me coucher. « Non, rien, vraiment rien ».
C’était peine perdue de faire comprendre, moi même je découvrais un phénomène inexplicable à mes yeux.
Tout ce que je savais c’est que je n’avais pas rêvé, j’ai vécu tout cela les deux yeux bien écarquillés.

L’Amour

Il y a eu d’autres visites, d’autres expériences extra ordinaires après cela. Mais celle que je vais te raconter m’est la plus précieuse. C’est le plus beau cadeau que j’ai reçu.
Une nuit de Juillet 2018, je sens à nouveau une présence près de mon lit et à nouveau cette peur panique qui s’empare de moi.

C’est alors que je me souviens d’un conseil d’une amie précieuse qui m’avait dit « Dans la vie, tu peux toujours demander de l’aide à l’univers ». Je pense qu’à l’époque j’avais un peu souri (si, si!) mais dans mon cas désespéré j’ai essayé : « Bon Dieu l’univers si tu m’entends c’est maintenant qu’il faut agir!!! Fais quelque chose s’il te plait ».

Puis je ressens la sensation comme deux mains chaudes qui prennent mes propres mains, sensation douce, agréable et bienveillante et soudain toute cette peur dont j’étais envahie se transmute en AMOUR, un amour inconditionnel, universel, un amour comme je n’en ai jamais connu qui me remplit de chaleur…c’est tellement difficile à décrire: Le bien être absolu, l’Amour absolu. Et ces mains qui tenaient les miennes deviennent deux bras qui m’enlacent, tout aussi accueillants et réconfortants. J’aurais voulu que ce moment dure une éternité, je ne l’ai jamais retrouvé mais il est resté intensément gravé.
J’ai compris qu’au delà de toutes mes peurs, il y avait l’Amour, un amour incroyable et surtout que je n’étais pas seule. Jamais. Et que par delà ce que nous appelons la vie, il y a en encore la vie, l’énergie, l’amour, ce monde est infini.

-« … »
– Bah dis donc on dirait que ça te laisse tout chose ?!
-Comment dire? Est ce que ….est ce que tu vas bien là haut? Dans ta tête je veux dire…
– Parfaitement, enfin je me sens normale, quoi. Je n’ai pas perdu le nord. Je n’ai jamais pris aucune substance hallucinogène ou de stupéfiant, je n’en ai même pas besoin :):)
-Et comment expliques tu cela alors?
-Je n’explique pas. Pourquoi vouloir tout expliquer? Il suffit juste parfois d’accueillir.
-Et as tu toujours peur encore aujourd’hui? Oui parfois. C’est difficile d’être confrontée à l’invisible, ça ne fait pas partie de notre éducation. Certains ont fini à l’asile pour les mêmes raisons parce que notre société n’est pas prête à entendre.
Pour autant la vie a depuis mis précieusement sur mon chemin, des personnes qui ont vécu aussi l’extraordinaire, mais qui se gardent bien d’en parler de peur d’être jugées.

Elle m’a amenée à rencontrer des êtres qui ont su m’éclairer, me protéger, me donner des clés et j’ai compris par ailleurs que beaucoup plus jeune, j’avais aussi vécu ce genre de phénomènes, mais j’étais guidée par mes peurs, j’étais incapable de mettre en mots, je n’en parlais pas parce que de « ces choses là » on ne parle pas.

La seule chose que je te demande de retenir de ces histoires, c’est que le jour où tu vivras le grand PASSAGE, celui qui te mène de la rive des vivants vers celle des morts : N’aie pas peur, quelqu’un sur l’autre rive te tendra la main et tu verras que se poursuit le chemin, dans un monde divinement bien.

C’est ce que ces évènements sont venus me dire, j’en suis convaincue : il n’y a pas de mort absolue.

…A tous ceux qui sont sur la barque d’entre les mondes ♥

 

A Jacky qui m’annonce au petit matin que son mari est parti

 

 

≡♥♥♥≡

Etrangement j’écris ce post le 21.11 et comme un coup de bâton je me retrouve le 22.11 seule assise dans une salle de cinéma à voir Thanatos. Film sur les Expériences de Mort Imminente racontées par des expérienceurs, des scientifiques et des médecins. Etrangement je me rends compte que pour connaitre cet Amour absolu, universel, indescriptible que tous les expérienceurs évoquent, je n’ai pas eu besoin de passer par une EMI. Pourquoi ?

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Shou Sugi Ban

Shou Sugi Ban

Les réminiscences du passé

« La vie est parfois violente pour qui chevauche la mort »- Maudmoiselle

Aujourd’hui la vie m’amène à rencontrer des êtres qui « experiencent » la maladie, en face à face avec la mort, n’ayons pas peur des mots.

Je me souviens…

Il y a un temps dans la maladie, j’entends celle qui fauche, celle qui te fait marcher sur le fil du rasoir, celle qui titille tes nerfs, celle qui réveille tes colères et tes peurs où tu te retrouves dans un sas. Tu fais parti ni des vivants, ni des morts, tu es dans le sas à attendre de savoir quelle porte, quel chemin va s’ouvrir à toi. Parce que j’en suis convaincue aujourd’hui, quelque soit la porte il y a un chemin à poursuivre.

Ce sas est labyrinthique, il t’emmène sur la voie de l’introspection, le but n’est pas de se perdre mais de se trouver justement. Il ne s’agit plus de se battre mais de lâcher prise, il ne s’agit pas de se résigner mais d’accepter. Dans ce sas tu peux paraître absent pour les vivants, parce que toute ton énergie est tournée vers trouver l’issue (quelle qu’elle soit)….la paix dans l’âme.

Je me souviens…

La bombe, les cinq mois d’hospitalisation, les chimios, les douleurs physiques, la souffrance morale, les colères, les désespoirs, les néants, le vide, l’inconnu, les éclats de rire aussi parfois, la joie, l’amour, l’amitié, et je me souviens du pire.

Un beau jour de septembre on te dit « c’est bon, c’est fini, vous pouvez rentrer. » Sauf qu’entre temps ta vie a été totalement dévastée, tu n’as fait que survivre.

Tu te retrouves un beau matin devant la glace en pied immense de la salle de bain, imberbe, bouffie par les traitements, une étincelle étrange dans le regard et tu ne sais plus qui est cet être dans le miroir. A cet instant même où j’étais enfin « sauvée », j’avais envie de mourir. Tous ces morceaux de moi que la maladie avait éparpillés, me confrontaient au vide absolu, sidéral.

Et à ce moment précis de l’existence, quelqu’un sonne à la porte : Ma meilleure amie. Devant ce néant, je suis incapable d’aller vers, de donner, d’accueillir, de tendre une main, de faire un geste, d’être…socialement, j’étais tout court et c’était compliqué. Je m’effondre alors dans un coin de cette salle de bain, submergée par les larmes, prostrée, la tête sur les genoux, emplie d’une douleur et d’une tristesse qui dépassent les murs. Recevoir la vie, c’était me demander l’impossible, je ne pouvais pas.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, voir les autres partir de bon matin, vaquer à leurs occupations, l’air serein.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, de reprendre la vie comme si de rien, quand on se sent être une terre brulée, un être dévasté.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, de papoter, de parler d’un air léger, quand tu reviens de loin.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, ça demande aux autres beaucoup d’humilité, des trésors de patience, et de l’amour en avalanche.

C’est violent la vie pour qui chevauche la mort, mustang prêt à te désarçonner alors que ton corps s’accroche à la vie « à mort ».

Vous allez vous dire, ce n’est pas gai, gai comme aparté, mais la vie n’est pas toujours gai vous le savez. De temps en temps, au détour d’un instant, elle nous ressert le passé, comme pour te dire de ne pas oublier ce qui a été expérimenté et te rappeler qu’au bout du bout, la clé, c’est d’accepter, le corps tel un cathéter, se laisser pénétrer par l’énergie de l’univers.

Je finirais sur cette belle allégorie de la vie

Connaissez vous la technique japonaise appelée Shou-Sugi-Ban. C’est une technique qui consiste à bruler le bois de construction des maisons pour le rendre plus résistant aux uv, aux insectes, aux intempéries. On brûle plus ou moins, on gratte plus ou moins, ce qui permet d’obtenir toute une gamme de noirs. La surface devient dure en se carbonisant, opaque et douce comme de la peau si on la débarrasse de tous les résidus de bois brûlé. Cette technique anoblit les matériaux, fascine par les noirs profonds qu’elle suscite, tour à tour mats ou brillants.

Soyez fier de toute votre gamme de noirs, car ce qui ne tue pas rend définitivement plus fort ♥

A JM&C

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Au-delà des déchirures

Au-delà des déchirures

La Transmutation

A l’âge de 5ans, j’ai eu la grande fierté (oui, oui!) de vivre ma première hospitalisation, pour quelque chose que je qualifierais d’anodin : L’appendicite. Sauf que j’ai choisi un moment très particulier, histoire de bien enquiquiner le monde : Un jour de grève des médecins….ça c’est tout moi!

Bref, pour en venir au fait, après avoir été opérée et avoir pu fièrement arborer mes magnifiques agrafes à qui voulait bien regarder ma blessure de guerre, je me suis retrouvée à partager ma chambre avec une jeune demoiselle de 3ans mon ainée :  Stella…ma première étoile.

Et Stella aujourd’hui avec 40ans de recul me donne une magnifique leçon.

Ma chère et jeune compagne de chambre, du haut de ses 8 ans avait eu le malheur de se voir les jambes ébouillantées au 3ème degré, par une vulgaire cocotte minute laissée sans attention. Son lit était serti de cerceaux, non pas pour jouer à la princesse mais pour empêcher les draps de toucher ne serait ce qu’un grain de sa tendre peau d’enfant. Je vous plante le décor : Elle, en mode torturée par la douleur, mais rayonnante de douceur et moi, déjà grande amoureuse de Dame Nature, passionnée par ma grande copine du moment, faire des puzzles de Maya L’Abeille.

Concernant Stella, le grand rituel du matin consistait pour les infirmières à venir avec des pinces à épiler, lui ôter les peaux mortes et brulées. Ce qui avait pour résultat instantané de lui arracher des cris de douleur et des larmes dont j’étais l’impuissante spectatrice. Quand je repense aujourd’hui à ces instants, je peux encore ressentir sa souffrance et voir la détresse qui naissait dans son regard les minutes qui précédaient la torture.

Où veut elle en venir allez vous me dire?

Cette parenthèse aussi cruelle fut-t-elle, est à mon sens l’histoire de notre vie.

De la naissance à la mort, nous traversons des épreuves, certaines plus profondément douloureuses que d’autres. Ce que nous demande la vie, c’est d’enlever une à une, à la pince à épiler tous ces lambeaux de peau morte, tous ces deuils d’amour, ces blessures d’abandon, de trahison, de rejet, d’injustice, d’humiliation : Toutes ces déchirures. Vous seul savez comment ce process peut être long, troublant et déchirant.

Mais sous ces couches de derme mort, où nous avons laissé un peu de nos illusions, perdu parfois semble-t-il comme une part de notre âme, de notre foi en l’existence, se cache un fabuleux trésor : Une peau neuve qu’il nous faudra apprendre à aimer avec toutes ses cicatrices, visibles ou invisibles. De ne pas laisser l’amertume, les peurs, la tristesse ou la colère nous envahir, parce que la vie par ces épreuves est juste venue nous dire : « Regarde au delà des déchirures, transmute cette épreuve, change le plomb en or et fait de ton coeur un diamant pur. »

Stella où que tu sois, mon coeur pense encore à toi et je te remercie pour cette belle leçon de vie que j’intègre aujourd’hui. Je n’avais que 5ans, il m’aura fallu du temps, mais la vie était déjà bien décidée …à m’éclairer.

N’oubliez pas de toujours suivre votre étoile.♥

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