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Le voyage intérieur

Le voyage intérieur

La Passe-Muraille

Venez, je vous emmène en voyage au pays des confinés…
Imaginez, imaginez que vous êtes enfermés entre quatre murs blancs. Pas dans une maison où vous pourriez circuler, non juste quatre murs blancs et sur l’un de ces murs une vitre, un châssis fixe, qui donne sur un couloir qui laisse passer la lumière mais sans vue sur l’extérieur.

Entre ces quatre murs blancs un lit de 90 et sur un mur un écran de télé, oui quand même, le seul point de reliance avec le monde extérieur, pas sûr que ce soit le meilleur canal.
Imaginez que votre terrain de jeu est le lit et on vous autorise à circuler un mètre autour du lit seulement, juste un petit mètre. Bienvenue sur le radeau de la méduse sur lequel vous allez naviguer.
Pour délimiter ce périmètre autorisé autour du lit, un dais en plastique transparent sur toute la hauteur de la pièce. Vous voici enfermé dans une bulle.
Une belle bulle coupée des sens, sans parfum, ni odeur, une bulle aseptisée. Une bulle sans pouvoir embrasser, sans pouvoir effleurer un centimètre carré de peau, une bulle sans toucher. Une bulle fade, sans joie des papilles où l’on vous sert des plats insipides, sans saveur, ni couleur. Vous n’avez que la vue, que la vue pour voir ce magnifique voyage intérieur que vous vous apprêtez à faire et vos émotions pour ressentir, toute la palette des émotions.
Vous êtes prêts à partir?
J’oubliais vous avez un compagnon de voyage ou une compagne plutôt, votre propre mort qui vous nargue.
Je n’invente rien, je me souviens.
Vous connaissez le film Abyss? C’est par là qu’on descend, dans les eaux froides, sombres et troubles.
Vous vous sentez enfermés? Piégés peut être? Privés de liberté surement? Votre pire angoisse c’est que la maladie vous rattrape et que la mort vous dise « échec et mat »?
Pas de courses à faire pour se balader, pas de nature pour se promener, pas de chien à sortir, pas de toile à peindre, pas de cuisine à faire, pas de jardin pour s’aérer, pas de fenêtre pour s’évader, rien de rien, si j’oubliais vous avez le droit à de la musique, un peu de musique, c’est d’ailleurs un excellent échappatoire.
Si non il y a vous, juste vous mais vous avez un atout et l’atout s’appelle liberté, celle de votre esprit, celle que l’on ne pourra jamais cadenasser.
Vous avez déjà joué à passe-muraille? j’excelle à passe-muraille. Je suis partie parfois pas très loin, juste à côté, visiter mes voisins de chambrée que je ne connaitrai jamais, juste pour leur dire quelques mots, genre: « Bonjour, vous comment ça va dans votre monde de confiné? Pas trop dure d’être enfermé? T’as fait le tour de ton lit et puis? T’as fini par te lasser de ces nouvelles insensées à la télé, ce ronron qui rime à rien, si souvent vide de sens? Dis viens on s’en va, viens avec moi… »
La bulle dura un jour puis une semaine puis un mois, puis plusieurs. Alors je me suis promenée dans les endroits de mon passé puis je suis allée dans le futur dans des paradis imaginés pour embellir l’instant présent et j’ai fini par partir plus loin, ailleurs, dans des lieux où je n’avais jamais mis les pieds, et puis souvent, très souvent j’allais voir l’océan.
C’est beau l’océan quand vous êtes enfermé, le ciel est toujours bleu, il fait toujours beau et le sable est toujours chaud. Surtout, surtout, on voit loin, très loin, y a bien quelques bateaux au fond, sur la ligne d’horizon, mais rien qui empêche ton regard de se poser sur le monde que tu auras bien voulu te créer.
Je suis là assise sur le sable, à regarder le ressac, à entendre ce bruit de l’eau qui claque, c’est apaisant, non? ce va et vient…d’ailleurs c’est exactement ce que je fais, je vais et viens à volonté aux quatre coins du monde, sans passeport, ni visa, il manquerait plus que ça!
Ce que je viens vous dire, c’est qu’aussi petit soit l’espace où vous êtes enfermés, personne ne pourra jamais vous empêcher de partir au plus profond de vos désirs. Vous seul avez la clé de votre propre liberté.

Dis viens on s’en va? viens avec moi, j’ai comme une envie de m’envoler…♥

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La goutte d’eau qui fait….

La goutte d’eau qui fait….

Chers crabeurs, chères crabeuses,

interview et images réalisés par  Emmanuel Polsinelli

  En écho à cette publication de Véronique Peuchamiel du 29 Novembre concernant la vidéo de Maître Liujun Jian de l’Institut Quimétao,  son père spirituel et professeur de Qi Gong, qui enseigne tous les arts énergétiques (Qi gong et Tai chi) et la médecine traditionnelle chinoise…. je réagis.

Maître Jian affirme que 80% des maladies viennent de nos pensées, c’est pourquoi en médecine chinoise on ne soigne pas seulement le corps mais aussi et surtout l’esprit….et j’adhère complètement à cette philosophie si s’en est une.

Il s’avère qu’après avoir été traitée pour ma leucémie en 1993, tout bon crabeur qui se respecte sait qu’il y a une période de rémission qui suit que l’on dit complète au bout de 5 années. Une période où tous les signes de la maladie ont disparu mais 5 ans où l’on vous suit de très près. La guérison complète est avérée seulement quand au fil des ans la maladie ne s’est plus jamais manifestée.

Après avoir sorti la tête de ce « foutu » cancer, c’est à dire être sortie de 6 mois d’hospitalisation, surmonté le choc d’être revenu parmi les vivants. Parce que ce fût un choc de passer du statut compréhensible et logique de malade parmi les malades à celui de survivor parmi les vivants. Un vrai choc psychologique sans sas de décompression, sans accompagnement thérapeutique, sans mots pour le dire. Choc de la violence des mois passés qu’il fallait digérer et celui de la confrontation au miroir, le visage et le corps bouffis par les chimios et le système pileux qui s’était fait la malle. Je me suis reconstruite avec le sport, à pied ou à vélo, en courant ou en marchant, je sortais presque tous les jours, j’avais devant moi une année sabbatique puisque je n’avais pas pu reprendre mes études à la rentrée, puisque l’hôpital, à fin septembre, m’avait libérée. Une année pour se reconstruire et repartir….

Je me souviens que les premiers mois, je suis parfois tombée dans des puits sans fond, où la nuit était si noire, et la douleur si grande que j’avais envie d’abandonner, ça parait certainement incongru alors que j’étais semble-t-il sortie d’affaire, mais l’électro choc avait été si fort que je ne trouvais pas la force de me relever. Ce dont je me souviens très bien, c’est que dans les heures les plus sombres, celles où l’on broie du noir, celui des coups de cafard où l’on me retrouvait prostrée dans un coin de mon lit, ma chère maman venait me chercher, non pas pour parler mais juste pour dire « viens on va marcher ». Il pleuvait parfois averse mais comme elle disait « on ne va pas fondre, on n’est pas en sucre! ». Et au fil des pas je sentais le cauchemar s’éloigner de moi, et la vie reprendre un peu plus de place comme si m’ouvrir à la nature, sortir de ma bulle, respirer le grand air me redonnait le goût d’avancer malgré tout.

Ce n’est que deux ans après ma sortie, pour un contrôle de routine dans le bureau du Professeur Ifrah que je lui pose la question ultime « Pourquoi ce cancer? »

C’est alors qu’il m’avoue qu’ils m’ont sauvée in extremis, que les minutes étaient comptées et c’est alors que je m’effondre comme si je n’avais jamais vraiment perçu avec quel feu j’avais joué….finalement c’était peut être ma chance.

Et Alors que j’attends une explication bien rationnelle, scientifique, médicale, il me répond « Vous connaissez l’expression la goutte d’eau qui fait déborder le vase? La bouteille qui se remplit au goutte à goutte, qui n’évacue pas, le cancer arrive d’un trop plein ».

C’est le fameux phénomène des évènements qui s’empilent qui mettent le corps en tension jusqu’à l’explosion et au fond de moi je sais qu’il dit vrai, je sais qu’il a parfaitement raison, j’avais la réponse avant de poser la question. Mon crabe, c’est tout ce que je n’ai pas dit, tout ce que je n’ai pas su faire, tout ce que je n’ai pas osé, tout ce qui m’a manquée, c’est ma petit compilation maison avec laquelle je me suis rongée les sangs. Le difficile passage de l’adolescence, parce que je suis sensible, papier buvard, que je cherche du sens en permanence, que tout me touche et que j’ai une sensibilité extrême et que malgré mes poèmes je n’avais pas trouvé le chemin pour exprimer ce qui au fond de mes tripes m’avait minée.

Au risque de choquer, de heurter quelques sensibilités, je le dis « Dans ce cancer j’ai une grande part de responsabilité même si elle n’est pas consciente, c’est ma croyance, ma conviction profonde et depuis longtemps….et celle de beaucoup d’autres assurément »

Et Tchernobyl alors? ce délicieux cocktail de substances radioactives, il est innocent? Parce qu’en 1993 on disait que le nuage n’était passé pas bien loin, a priori juste stoppé à l’Est par les montagnes, ouf on a eu chaud! foutaises…Tchernobyl c’est un des éléments déclencheurs, la combinaison toxique, le truc qui met le feu aux poudres.

La semaine dernière, nouvelle confirmation de mes convictions alors que je rencontre un praticien en Chi Nei Tsang (article à venir) et alors que je donne mes antériorités (le crabe ça te suit toute ta vie), il me demande « Alors pourquoi ce cancer? » et moi d’esquisser un sourire, en disant « Vous aussi c’est ce que vous pensez…. »,  personne n’est innocent…décidément 🙂

Alors cher crabeur, chère crabeuse, qu’y a t il enfoui au fond de ton âme que tu n’exprimes pas? Qu’est ce que tu tais pour devoir mettre des maux sur les mots? Dis moi….

Je vous envoie plein d’Amour pour que vous mettiez des mots autour ♥

 

Source photo:

Professeur Norbert Ifrah, Courrier de l’Ouest 07.06.2016  ….en vous remerciant encore cher Professeur.

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