Étiquette : lignée

Dans mon jeune temps…

Dans mon jeune temps…

Dans mon jeune temps comme disent les vieux….

Une même génération, deux femmes, deux parcours.

Ne vous êtes vous jamais sentie porteuse d’une histoire qui ne semble pas la votre, comme si vous étiez le relais, le témoin d’un chapitre qui avait commencé à s’écrire bien avant vous?

C’est lors du stage « Pratique de la médecine de la femme sauvage » avec Marie Pénélope Pérès réalisé en juillet dernier que j’ai pris conscience de combien mes racines étaient profondes et combien j’étais ignorante sur les fondations même de qui je suis et j’ai ressenti le besoin urgent de remonter à la source.

J’ai réalisé pleinement que mon histoire ne commençait pas à ma naissance, elle puise dans toutes les générations de femmes qui m’ont précédée, comme si j’étais une pièce d’un puzzle, l’infime partie d’un tout. J’ai la chance d’avoir encore aujourd’hui à mes côtés deux piliers historiques, de 89 et 91 ans à qui je n’avais jamais rien osé/pensé demander sur leur parcours de femme. Femmes d’un autre temps, femmes du siècle d’avant, femmes qui ont connu tant de chamboulements et qui bien que du même temps ont connu deux destins bien différents.

Marie Pénélope Pérès, lors de cette parenthèse de 7 jours, nous a appris à renouer avec le pouvoir des simples (nom des plantes médicinales au Moyen âge). Vous posez alors un regard nouveau sur le monde végétal qui vous entoure comme une source intarissable, bienfaitrice à condition d’en connaitre les secrets. Sorcières pour quelques heures, sorcières pour le plaisir de renouer avec ces connaissances ancestrales, qui se sont diluées dans les tréfonds de nos âmes par manque de transmission orale, conséquence des persécutions subies par ces femmes si sages dont les hommes ont fait l’incarnation du mal. Brûlées sur le bucher pour ne pas venir prendre le contrepied de la médecine scientifique qu’une poignée d’hommes voulait faire régner en souveraine.

 La téméraire

Petit trait d’humour, je n’ai même jamais vu cette grand mère là monter sur un vélo!!!

Les plantes et l’héritage familial: Née dans une famille de cultivateurs sur les bords de Loire où elle a passé toute sa vie, elle est l’ainée de deux filles, emmenait les vaches aux champs quand elle était jeune fille. Son père soignait les maux de gorge avec des infusions d’épines de ronces en gargarisme ou mettait le blanc d’un brin de poireau dans la braise et l’appliquait sur la gorge enroulé dans un linge. Le collubleu (bleu de méthylène) était utilisé comme désinfectant, inventé en 1876 par un chimiste allemand, le bleu de méthylène est un peu tombé dans l’oubli. C’est pourtant un désinfectant et un bactéricide puissant qui agit vite sans recourir à l’artillerie lourde des antibiotiques et des analgésiques- astucito.com.

Pour les toux persistantes, la ouate thermogène, à base de capsaïcine composant actif du piment rouge qui existe toujours aujourd’hui faisait des miracles. Les cataplasmes à la farine de lin, chauffée à l’eau, que l’on étendait sur un linge où l’on saupoudrait un peu de farine de moutarde, appliqués sur le torse ou dans le dos, étaient décapants pour les extinctions de voix, et le faux croupe (laryngotrachéite).

Pour faire murir un mal tel que panaris ou piqure qui s’envenime on appliquait une feuille de molène, quant à la pariétaire officinale, une plante que l’on trouve accrochée aux vieux murs et ruines d’antan, elle servait à soulager les rhumatismes. L’ail servait à fluidifier le sang pour les troubles circulatoires et enfin pour la digestion, on faisait cuire de l‘orge dont on buvait le bouillon pour aider les intestins à travailler.

Après ces quelques révélations, je me penche un peu plus sur la femme, sur les cycles et plus encore, je creuse l’intimité tout en SORORITE, comme une confidence d’une femme à une autre, comme si j’assemblais les pièces d’un tout qui me donne le sentiment d’aller un plus loin sur le chemin d’un féminin inexploré.

A l’époque on quittait l’école à douze ans, les cours d’éducation sexuelle n’existaient pas, on se soignait avec les plantes de notre environnement, on vivait simplement, on quittait ses parents quand on avait trouvé « le prince charmant » mais en attendant on travaillait en famille tout naturellement.

Au fil des questions jamais posées jusqu’alors, émergent les souvenirs, car toutes ces choses là, à une autre époque on en parlait pas, par pudeur, par discrétion, parler intimement de soi, en ce temps là, il n’en était pas question, sans doute question de religion…gare aux tabous!

« Maman a été ménopausée à 37ans, après son deuxième accouchement elle n’aurait plus jamais rien revu, d’ailleurs dans sa vie elle n’a presque jamais beaucoup vu » et moi de sourire à cette étrange expression qui enjolive la façon de dire avoir peu de saignements. « Maman souffrait d’infections vaginales et mes grands mères venaient à la maison pour l’assister, elles avaient dû faire la délicate démarche de parler du problème au prêtre qui à l’époque était dépositaire d’un remède appelé le dépuratif des Alpes qui lui nettoya le sang ce qui lui permit de vivre ensuite longtemps sans aucun problème ». Je ne sais si c’est le secret, mais mon arrière grand mère est décédée à l’âge de 102ans en 2003 et en pleine santé!!! Essayons donc le dépuratif en intraveineuse 🙂

« Nous n’avions aucune méthode de contraception, on ne m’a jamais rien appris, aucune transmission mère fille, aucune méthode naturelle type ogino ou courbe des températures. Dans ces temps là même quand on était enceinte, on ne le disait pas. D’ailleurs pour ma mère comme pour moi ça ne s’est jamais vu. Je portais un corset (Ouf! on a réchappé à cette mode.) personne ne pouvait dire que j’attendais un enfant…ce qui ne m’a pas empêché de faire des beaux bébés. ça ne se criait pas sur les toits, on ne voyait pas de ventres ronds comme aujourd’hui dans la rue, pourtant il n’y avait aucun mal à être enceinte. Une sage femme venait nous accoucher à la maison, il y en avait dans chaque commune. Je me suis pourtant retrouvée à accoucher ma soeur, parce que le médecin (qui intervenait quand il y avait besoin) n’arrivait pas assez vite. Je me suis rappelée des gestes de la sage femme et j’ai fait ce que je devais faire ».

Quand la pilule est arrivée cela ne m’a pas particulièrement intéressée, j’avais déjà 39 ans, j’ai été ménopausée vers 45ans, je me suis toujours bien portée, je n’ai souffert d’aucun trouble à cette période, on a continué par nos propres moyens et le grand père d’ajouter : »On savait que les règles revenaient tous les 28jours, on savait qu’il y avait la période d’ovulation, on en tenait compte ». On ne voulait que deux enfants…on en a eu deux tout simplement.

 » Par contre dans le temps, il y avait ce qu’on appelait des missions. Pendant 3 semaines des jésuites, des pères missionnaires venaient dans les communes pour forcer la foi, réveiller la ferveur, organisaient des messes , visitaient les familles et l’année suivante, étrangement, il y avait des poupons en nombre qui naissaient un peu partout ».

Dans ma petite tête de 43ans, j’écarquille les yeux sur l’évolution des mœurs, de la sexualité et m’interroge sur comment d’un côté l’une n’a eu que deux enfants et l’autre huit alternés de quelques fausses couches. Il semble que la réponse réside dans le regard que l’homme porte sur son épouse, dans sa capacité à être à l’écoute de ses rythmes et attentif aux désirs de celle qui partage sa vie, à moins de vouloir faire siennes les bonnes paroles de la religion catholique car dans la Bible, Dieu bénit la fécondité : « soyez féconds, multipliez-vous » (Gn 1, 22).

La Rebelle

www.rivieres-des-mauges.fr

Dans mes autres racines, se trouve une femme issue d’une famille des Mauges de sept enfants (4 filles et 3 garçons), dont elle est la sixième. Elle a perdu sa soeur âgée de 16 ans, d’un chaud froid que sa mère s’est toujours reprochée d’avoir mal soigné. « Je n’avais que 7ans, j’ai peu de souvenirs de Marthe, car je suis allée en pension dès mon entrée à l’école vers 6/7ans car celle-ci elle était à 2kms, ça faisait trop loin, on ne rentrait que le mercredi soir et le vendredi soir. Je la connaissais très peu mais je me souviens d’elle sur son lit de mort. J’ai arrêté l’école à 13 ans, ensuite suis allée à l’école ménagère pour apprendre à faire la cuisine et coudre, des travaux manuels qui ne m’intéressaient pas du tout! »

A la maison je m’occupais de la traite des vaches, de faire le beurre et d’élever les volailles, j’étais à l’extérieur ces tâches me convenaient très bien. Mes frères travaillaient dans les champs, on est toujours restés tous ensemble, nous n’étions pas salariés.

Jean & Rosalie

Mon père est décédé à 73ans, il a été très perturbé par la guerre de 14-18 qu’il avait faite, il se réveillait la nuit en criant se croyant sans doute encore dans les tranchées et ma mère à 83 ans (née en 1889), je n’ai jamais connu mes grands parents.

Je ne me suis pas intéressée aux soins par les plantes contrairement à ma belle famille où tout passait par les plantes et les infusions! J’ai vécu chez mes parents jusqu’à 21ans. Pendant la guerre ma mère nous avait acheté un phonographe, mes frères ramenaient les garçons et moi les filles, tous venaient danser à la maison, ils trouvaient que j’avais de la chance d’avoir une mère si cool et large d’esprit.

Puis j’ai connu mon mari à la libération, j’avais 19ans (La chose extraordinaire, c’est qu’il était l’ainé de 9 enfants. Pendant la guerre il a été envoyé pendant 9 mois dans une ferme en Allemagne entant que prisonnier mais n’y a pas été malheureux. Sa mère qui donnait beurre et autres aux allemands avait réussi par ces fameux liens à le faire revenir au pays mais il devait être remplacé par une autre personne … ce fût mon frère Albert. Les destins des familles étaient liés avant que la rencontre!).

Avec des amis, je me suis retrouvée à fêter l’évènement sur la place du village, à danser. Il était là par hasard et c’est là que je l’ai rencontré, on a dansé…. puis il m’a écrit, ça lui avait fait « tic ». J’ai trouvé qu’il était pas mal, ce qui me plaisait en lui c’était son côté entrepreneur, quand il faisait quelque chose c’était toujours très étudié, j’avais confiance, j’étais sûre qu’il réussirait ce qu’il entreprendrait. Il avait beaucoup de projets en tête et ça ça me plaisait. Par contre il n’avait pas et n’a jamais eu de copain. C’était un grand grand solitaire qui préférait aller à la pêche, être tout seul…et moi j’étais complètement à l’opposé!

A partir du moment où l’on s’est installés ensemble, qu’on a pris l’exploitation, les enfants sont arrivés presque tous les ans, et je n’avais plus le temps de rien faire, je me suis toute donnée à mes enfants. Me suis mariée à 21 ans en avril 1947, j’ai eu mes quatre premiers enfants à 22 ans, 23, 24 et 26, puis il y a eu un écart avant les suivants. Il ne m’a jamais empêchée d’acheter machine à laver ou quoi que ce soit pour me libérer du travail puisqu’il avait besoin de moi pour son entreprise, j’ai toujours eu une grande liberté de ce côté là. Toutefois comme beaucoup de femmes à l’époque, je travaillais dans l’ombre sans aucun statut.

Mon mari était un patriarche, un chef de tribu qui voulait volontiers que ses fils prennent la relève à condition que tout soit à son idée, ce qui a engendré des conflits entre les générations. Du côté des filles, elles n’étaient selon lui bonnes qu’à la couture donc sans grand intérêt vu de sa fenêtre. Cependant en tant que mère j’ai pu gérer leurs études comme je l’entendais, je les ai envoyées en école privée parce que j’aurais voulu pouvoir étudier. Ces études ont couté cher mais je n’ai jamais eu une once de reproche. Les enfants partaient en pension au collège ce qui fait que nous n’avons jamais été trop nombreux à la maison ce qui m’a permis de pouvoir travailler sur l’exploitation, et assouvir ma passion du contact héritée du côté de ma mère, famille de commerçants.

Quand j’ai accouché de mes enfants, ma mère puis mes belles sœurs venaient m’aider pour plusieurs jours. Effectivement enceinte on portait des corsets, même quand on était enfant, jusqu’au jour où l’on a tout supprimé parce que c’était aux antipodes de ce qu’il fallait faire.

Mon mari participait beaucoup aux réunions de la JAC (Jeunesse Agricole Catholique), où l’on racontait tous les potins du village devant le prêtre avant de réciter le chapelet. Mon mari était extrêmement pratiquant et d’une croyance inouïe. La religion véhiculait l’idée que le rôle de la femme était de faire des enfants et la femme devait obéir à son mari, je m’étais soumise. Sa grande tristesse c’est que je ne suis jamais allée dans le sens de ses croyances. On me disait « la religion c’est prier », pour moi c’est faire de bonnes actions tous les jours et j’avais besoin de cohérence entre les actes et la parole, je ne comprenais pas ces attitudes.

Au milieu du XXe siècle, le département prend effectivement des allures de « cité chrétienne », une quasi-théocratie. Mgr Cazaux, qui dirige le diocèse de Luçon jusqu’en 1966, cumule pour ainsi dire les pouvoirs de l’évêque, du préfet et du président du conseil général. C’est lui qui fait les élections! C’est aussi l’époque où l’assiduité à la messe atteint des sommets: dans certains villages du haut Bocage, la pratique dominicale frôle les 100%! Peu de personnes s’abstiennent d’aller à la messe.

Aussi, lorsque le chanoine Boulard, qui cherchait à établir la carte religieuse de la France rurale, vient dans le département, en 1956, tout le diocèse se mobilise. L’évêché lui fournit des informations que les renseignements généraux ne seraient jamais arrivés à collecter. Il parvient à établir des cartes d’une précision extrême. Sur la base de ses travaux, on remarque que cette chrétienté coïncide avec l’épicentre de l’esprit d’entreprise qui caractérise les bocages du Sud-Loire, ne se situe pas exclusivement dans le département de la Vendée, mais également du côté des Mauges, dans la partie sud-ouest du Maine-et-Loire. Autant de zones où, selon Boulard, le christianisme est le plus fortement enraciné.

lexpress.fr

En 1964 quand la pilule contraceptive est arrivée, je suis allée voir mon médecin. Celui-ci était catholique et n’avait pu avoir d’enfant avec son épouse, il a refusé de me la prescrire au nom de la religion qui l’interdisait et sans doute aussi parce qu’il trouvait que j’avais de la chance au vu de son histoire personnelle, ce qui m’a aidée à accepter ma condition. Pourtant il avait signalé à mon mari qu’il ne pouvait pas continué de la sorte parce que j’étais très fatiguée, je voulais espacer les grossesses mais il ne voulait rien entendre.

A l’époque on ne parlait pas des règles, c’était tabou, certaines femmes qui accouchaient se considéraient comme des pécheresses, ce qui n’a jamais été mon cas. Avant de pouvoir pénétrer à nouveau dans une église, elles se présentaient avec leur enfant à la porte, attendaient que le prête vienne les chercher, les bénisse et chasse le démon. C’était ça la religion?…bah moi j’y comprenais rien!

Puis un jour, je me suis rebellée, j’ai commencé à dire « non » parce que ce n’était pas une vie. Tout ça c’est du passé, ça ne m’a pas empêchée d’arriver à 91 ans et ce qui me sauve c’est mon tempérament joyeux, parce que je ne suis pas une anxieuse. J’ai une chance inouïe, j’ai toujours eu plein d’amis tout en étant indépendante, et surtout pas dans le jugement.

Ce qui nous a tenu en couple c’est le travail, mon mari était un homme de la terre et j’avais le sens du contact, nous étions complémentaires, il avait besoin de moi et en contrepartie j’avais une grande liberté avec les rênes de la bourse familiale. J’ai toujours eu une grande confiance en lui, les « je t’aime » ça ne se disait pas, c’était tabou, pas de mots gentils, même à ses enfants. C’était un homme très travailleur qui n’avait confiance que dans les prêtes, c’est l’histoire d’un terroir, d’une éducation. Suis 100% d’accord avec l’évolution du droit des femmes, le droit de vote et surtout le droit à l’ivg parce que j’ai vu trop de femmes souffrir voire mourir des suites d’avortements clandestins. J’ai vu des femmes pleurer cette souffrance.

Enfin comme dit mamie …. »chacun sa vie »

A mes racines, à Suz & Dona sans qui je ne serais pas là♥

et vous que connaissez vous de vos racines?

Combien d'étoiles donnez-vous à cet article ?

Né en 1927

Né en 1927

1939-1945

Sur les bords de Loire angevins

A l’heure où des monuments tombent…j’écris « Né en 27 », comme si j’avais senti d’instinct le poids de l’histoire qui était en train de s’envoler.

Je ne vous parlerai pas ici d’une star populaire, juste de mon grand père, des hommes qui chacun à leur manière auront façonné l’histoire et qui les uns comme les autres sont des êtres à part.

Nous portons tous en nous l’histoire de notre lignée, un peu de ceux qui nous ont précédés, c’est gravé dans nos mémoires, tatoué dans nos cellules, écrit à l’encre noire et brave les pendules. J’ai l’immense privilège d’avoir connu six de mes arrières grands parents et d’avoir aujourd’hui encore à mes côtés trois de mes grands parents…89, 90, 91 ans, un trio gagnant plein d’allant, comme un pied de nez au temps passé.

Depuis petite j’aime les entendre raconter, ces époques qu’à l’école on nous faisait réciter, et comme un devoir que je me fais un peu sur le tard, j’ai demandé à celui qui vient de fêter ses 90 printemps avec une mémoire qui défie le temps de me raconter encore une fois, la deuxième guerre et tout son barda. Un moment de transmission, pour mon plaisir à moi et toutes les générations, une voix enregistrée pour ne jamais oublier.

Nous voilà tous les trois attablés à la table de la cuisine, avec le pépé et la mémé comme quand j’étais gamine et alors qu’ils piquent une tête vers leur adolescence si pleine d’innocence, les souvenirs jaillissent avec tellement de précision qu’ils m’en donnent le frisson.

Il suffira d’une étincelle, pour que tout remonte à la pelle,…Allez papy raconte nous un petit bout de ta vie.

« Je suis né le 18 Mai 1927, sur les bords de Loire, à St Jean de la Croix, petite commune de 180 habitants à l’époque. J’avais deux sœurs, l’ainée née en 1925 et l’autre en 1931. Mes parents avaient une laiterie, mon père avait une camionnette, il allait récolter le lait dans toutes les fermes de la vallée et ensuite allait le distribuer dans la ville d’Angers en faisant du porte à porte. Il avait commencé en 1924 mais avec la guerre, en 1939 il avait du changer sa façon de travailler car il consommait trop d’essence et ne s’adressait alors plus qu’aux épiceries.

 

Quand la guerre s’est déclarée le 03 Septembre 1939 je crois, j’avais 12 ans.

Depuis nos ressentis d’enfants, on s’attendait à ce qu’il se passe quelque chose, on entendait nos parents, nos grands parents parler de l’Allemagne et d’Hitler qui menait un train d’enfer à tous les pays depuis 1934, puis il a envahi tous les pays des Balkans, puis la Pologne, puis la Belgique, c’est alors que la France a déclaré la guerre à l’Allemagne. Il y a donc eu mobilisation générale et tous les hommes qui avaient 20 ans et plus sont partis. Mon père a eu la chance de ne pas s’en aller parce qu’il était « affecté spécial », du fait qu’il nourrissait les gens. Il avait deux frères plus jeunes de 3 et 6ans de moins que lui, et eux sont partis.

Pendant cette période une ligne de front s’était établie entre la France et la Belgique, pendant 3mois (de Septembre à Novembre voire mi décembre), il ne s’est rien passé….jusqu’à ce que les Allemands attaquent. Alors nous la France on s’est défendu mais avec des petits moyens, alors que les allemands avaient un demi siècle d’avance sur nous avec des chars et des avions alors que nous avions les armes de 1914. La ligne Maginot avait été construite depuis la Suisse en remontant jusqu’au Luxembourg pour arrêter les troupes allemandes sauf qu’ils sont passés par la Belgique!

Les Français ont résisté un petit moment mais n’étant pas suffisamment armés ça a été la débandade complète. L’armée s’est disloquée et les officiers ont sauté dans des voitures direction le midi en laissant leurs troupes. Mes oncles sont descendus de la Somme à pied fuyant devant les allemands qui descendaient à une vitesse folle. En 8à10 jours le Nord de la France était envahi. L’un deux a été fait prisonnier en Allemagne avant d’atteindre Angers et l’autre est passé avec un ami, chez eux, pour revoir leurs femmes puisqu’ils étaient à proximité des Ponts de Cé. C’était le 19 Juin 1940, jour où les français ont fait sauter le pont Dumnacus pour que les Allemands ne traversent pas la Loire.

Sentant la menace et étant encore en uniforme, les deux soldats décident de poursuivre leur route, c’est alors qu’ils tombent nez à nez avec les Allemands, à Trémentine, qui remontaient du sud! Ils avaient traversé la Loire beaucoup plus bas vers Ingrandes. Les allemands les ont gardé 48/72h à l’oeil mais ayant déjà trop de prisonniers et ne sachant que faire d’eux, ils leur demandent de quitter leur tenue de soldat et de rentrer chez eux.

A cette époque là nous avions été évacués à Denée chez mes grands parents maternels, cultivateurs. On était 40 à loger dans la ferme pendant 15jours. Les hommes dormaient dans les greniers, sur la paille, les femmes et les enfants dans les chambres, y avait du monde un peu partout.

Les français étaient venus faire une ligne de front sur les bords de la Loire. Au Grand Port, notre maison longeait la route qui longeait la Loire, les soldats s’étaient donc installés entre la route et le fleuve et devant chez nous on avait un soldat avec un fusil Mas 36 de 1914 pour attendre les allemands qu’ils s’attendaient à voir arriver du Nord, vers Ste Gemmes sur Loire. Tout le monde avait donc mis son bateau de ce côté ci du fleuve. Sauf que pas de bol…ils sont arrivés du Sud, depuis Rochefort sur Loire et une autre troupe arrivait du Saumurois à l’est.

Si bien que l’armée française des bords de Loire s’est trouvée prisonnière. Je garde de cette journée du 19 juin un souvenir. Je jouais sur la plage avec un copain et ma soeur et je me suis butée la cuisse sur la pointe d’une ancre d’un bateaux et je me suis ouvert jusqu’à l’os. Ma mère a du m’emmener chez le docteur, jusqu’à Beaulieu sur Layon (nous étions quasiment les seuls à avoir une voiture dans le coin) et je me souviens très bien avoir croisé un régiment de tirailleurs Sénégalais sur les bords du Louet (bras de la Loire), au terrain de la pâture, je vois encore ces soldats noirs qui venaient prendre position sur les rives du fleuve. Si bien que lors de notre évacuation alors que mes copains jouaient, moi j’étais au lit! C’est d’ailleurs les gamins en rentrant de faire des courses dans le bourg, qui nous ont annoncés avoir vu des motos allemandes type side car, c’est comme ça qu’on a su qu’ils arrivaient du sud.

Mamy:  » A cette nouvelle ma grand mère en a cassé une bouteille de vinaigre! ».

Les gens ont malgré tout continué leur vie, on se demandait ce qu’étaient devenus les prisonniers, c’était stressant. Du haut de notre jeune âge on vivait ça de loin, c’était pas comme nos parents…puis la vie a repris comme avant. Surtout en campagne où il n’y avait pas de restrictions. La guerre s’est terminée pour laisser place à l’occupation.

En 1943 une compagnie est restée au village pendant 3 mois. J’étais en apprentissage en menuiserie et j’ai eu l’occasion de travailler avec trois allemands dont deux frères. Ils faisaient des lames de parquet pour habiller les camions. Le soir ils laissaient leurs camions sur le chantier dans des garages….remplis d’obus. Il y avait toujours une sentinelle qui montait la garde devant la porte. Avec Henri, mon maitre d’apprentissage, pendant que celui-ci occupait en conversation le veilleur, moi j’allais siphonner de l’essence dans les réservoirs, pour pouvoir faire la distribution à qui en avait besoin pour sa profession, à savoir le boulanger pour sa tournée, le médecin pour mener sa mission à bien.

Mamy: « Fritz, était hébergé chez nous, il participait à la vie de la maison, il allait mener les chevaux le soir avec Eugène (ouvrier) dans les champs. La première fois que le régiment est arrivé, ils ont mangé chez nous et il y avait du vin. Nous on mangeait tous les quatre dans la pièce à côté. Quand on est allés se coucher à l’étage, on a du enjamber les corps, ils étaient tous saouls, c’était pas beau à voir. »

Faits de résistance (?)

A partir de 1941,1942, ils arrêtaient tous les juifs. Plus on avançait dans le temps, plus y avait de la tension, on sentait qu’il ne fallait pas les chatouiller. Mon père a failli passer par les armes, parce qu’un voisin l’avait dénoncé en disant qu’il avait de l’essence. Le produit était rare et recherché par l’ennemi. Mon Père avait des bons d’essence par la préfecture ou la Kommandantur pour son camion sur le principe des tickets d’alimentation ou des cartes de rationnement. Après avoir été mitonné pendant 2h et avoir soutenu que non il n’avait rien, les allemands sont partis, il s’est alors empressé de vider son stock dans les toilettes (une fosse) en pensant qu’ils n’auraient jamais l’idée d’aller y regarder. Tout ça parce que mon père avait refusé une livre de beurre à ce cher voisin.

 

Au début de 1944, on a vu une vingtaine d’avions « forteresse » approcher chargés de bombes, on entendait le grondement sourd arriver au loin. Je rentrais du cinéma avec des copains, il était 22h/22h30, c’était le 08 mai je crois bien, alors que j’arrivais chez mes parents, le ciel s’est tout étoilé de fusées éclairantes et on a vu Angers se faire bombarder, on entendait les ardoises vibrer sur les toits et la terre qui tremblait de partout. Ils avaient ciblé la gare, tout avait été détruit…

Les américains approchant, c’est les allemands qui sont venus prendre position sur les bords de Loire et nous avons été à nouveau évacués. On était 150 dans un chemin creux de la vallée.

Je me souviens j’avais un beau vélo Continental vert et mon copain, un bleu, réquisitionnés par les allemands. Un jour, on voit nos vélos le long d’un mur et gamins que nous sommes, nous reprenons nos biens! C’est alors que les allemands sont venus nous trouver dans le chemin alors que nous avions planqué les vélos. Nous nous sommes donc dénoncés, après quoi ils voulaient nous embarquer pour acte de résistance, et nous n’avons du notre salut qu’à mon père et une dame qui ont du expliquer que ce n’était que des idées de gamins!

 

Autre fait extraordinaire, le père de mon copain avec un autre avaient eu la bonne idée de traverser la Loire pour aller voir les américains au port Thibault de Ste Gemmes sur Loire et sont revenus avec des cigarettes américaines…Naturellement ils se sont faits attraper en arrivant sur le rivage. Considérés comme des terroristes, ils se sont retrouvés attachés à des peupliers prêts à être fusillés. C’est un fameux Robert B. qui leur a sauvé la peau à force de plaider leur cause.

Par ailleurs un des frères du père de mon copain avait été au service obligatoire en Allemagne et était revenu en permission, sauf qu’il n’était jamais reparti. Il était planqué avec nous dans le chemin creux, sa femme avec ses deux enfants avait monté une tente, elle avait fait un trou dans le sol et il était caché au fond de celui-ci avec un tapis par dessus lui alors que les allemands passaient deux fois par jour vérifier qu’on était bien le même compte…c’était pas le moment d’éternuer.

Un autre avait été planqué pendant deux mois dans un four à chanvre dans le vieux bourg donc quand on a évacué, il fallut l’emmener. On l’a donc mis dans une charrette entre deux matelas. Les allemands testaient le contenu à la baïonnette, le coup de chance a voulu qu’ils piquent le convoi d’avant et celui d’après…On a une destinée…n’est ce pas Maurice C. ?!

Les derniers mois, c’était une sale période. Nous sommes restés dans ce chemin pendant une quinzaine de jours, jusqu’au dimanche 13 Août 1944 à 14h, où ils nous ont fait évacuer avec les moyens du bord, charrettes, chevaux et compagnie pour aller jusqu’à Faye d’Anjou où nous sommes restés 3 semaines. On était 25 dans un hangar sur la paille où j’étais bouffé par les puces!

 

A cette époque, les allemands étaient sur les nerfs, les américains les bousculaient sérieusement, ceux qui avaient eu le malheur d’aller les visiter pour des cigarettes étaient fusillés, trois y ont laissé leur peau : Henri L., Jean F. et Christian R qui avait juste 20ans, pris pour des terroristes et tués dans la rue appelée aujourd’hui, « la rue des fusillés » à Mûrs-Erigné.

Les américains bombardaient de notre côté et les allemands avaient un canon antiaérien (Défense Contre Avions), pour chasser les avions qui passaient.

Mamy : « On s’habitue à la guerre, au danger. Quand j’allais garder les vaches avec Marie Madeleine, on entendait au loin le canon. En 1940 quand les avions mitraillaient, on se cachait bien vite dans les haies. Avec mes parents, on se cachait avec d’autres familles qui n’avaient rien dans une tranchée où on avait de quoi vivre en cas de besoin »

« On avait fini l’école à 14ans. Rares étaient ceux qui allaient au collège. Nous n’avons pas souffert de restriction alimentaire au contraire des villes où ils se nourrissaient de rutabagas. On avait un jardin, on avait jamais eu de cochon, on en a eu un, on avait du lait, on s’était mis à faire notre beurre, on avait pas d’huile, on se servait de la crème. On avait un peu de mal à s’habiller mais pas de quoi s’affoler. »

« En 1944 quand les allemands ont quitté précipitamment Denée, ils s’étaient installés au Château de Souvigné près de chez mon oncle où on s’était retranchés. Ils avaient leurs voitures sans portière avec leurs mitraillettes, ils étaient tous alignés dans le petit chemin. Ce fameux soir, on a mangé dans le noir sans faire de bruit, on sentait que l’ambiance était électrique, on est partis se coucher en rampant dans la grange et le lendemain matin quand on s’est levés ils n’étaient plus là. On avait eu réellement peur…. le moindre faut mouvement aurait été une étincelle »

Une fois les allemands partis, mon père est retourné voir chez nous à vélo, si la voie était libre. Les allemands avaient libéré les animaux. Les cochons savouraient leur liberté et on retrouvait les vaches au milieu de la salle à manger qui était toute « bousée »! On craignait que les maisons soient piégées, ce qui s’est avéré, car un s’est fait tuer par une mine déposée dans le fond d’un tiroir.

 Tout cela s’est terminé en Mai 1945 avec beaucoup de dégâts et de tués puis… la vie a repris son cours.

♥♥♥

Ce que je sais, c’est que 75ans plus tard, il en faut peu pour allumer le feu au fond de ces yeux vert bleu, et qu’il faut vivre pour le meilleur car un jour viendra où il ne sera plus temps de se dire qu’on a oublié de vivre.

 

A Louis, Agnès, René, Cécile, Irène, Denise…et tous ceux qui ne sont plus là pour raconter.

Chaleureux clin d’oeil à Johnny qui aura bercé nos vies

et surtout Merci papy

Combien d'étoiles donnez-vous à cet article ?

La Dame aux confitures

La Dame aux confitures

Les Confitures d’Isabel Rose

#crêpe#lignée#transmission#plantes#douceur#marché

Parce qu’on a tous en nous, ce je ne sais quoi dont on doute beaucoup, ce qui fait notre unicité, ce qui nous invite à nous dévoiler et c’est chemin faisant qu’on se révèle tel un diamant, malgré les blessures et les ecchymoses, il nait parfois au fond de nous des jardins de roses.

Tomber dans les confitures par hasard et puis en faire une belle histoire, celle d’Isabel Rose, une femme en quête de sens, qui porte autant de poésie dans son prénom que de douceur dans son regard, discrète et créative, avec un profond besoin de partage, la dame met dans ses crêpes et ses confitures, bien plus que du sucre, c’est sûr, elle y saupoudre aussi beaucoup d’amour, alors on va la voir pour avoir du stock toujours parce que sans Isabel Rose, il nous manquera notre dose…

Elevée par une maman qui ratait les confitures admirablement, autant dire que la voie n’était pas toute tracée et que le destin s’en est mêlé. Elle a mis le pied à l’étrier des marchés aux côtés de ses parents qui avaient une rôtisserie de poulets, une activité peu passionnée pour cette jeune fille qui rêve de créativité. Elle poursuivra ce chemin bien peu satisfaisant, bien peu épanouissant auprès de celui qui sera son mari, et pour pimenter ses journées, Isabelle décide de se mettre à vendre quelques cakes « fait maison » salés, sa façon de prendre en main sa destinée. C’est alors qu’un jour sur le stand d’à côté elle voit des pots de confiture de Melon d’Espagne que les clients s’arrachent tant ils en sont sous le charme. Puis arrive le temps où la petite Dame décide d’arrêter et demande à Isabelle de continuer à distribuer ses pots pour satisfaire les clients accros.

C’est alors qu’Isabelle se souvient que lorsqu’elle était plus jeune, sa grand mère lui avait donnée un pot de confiture de Melon d’Espagne. Si peu habituée au bon goût de celles de sa mère, elle hésite à le jeter puis finalement le met de côté. Ce n’est que quelques mois plus tard, en ouvrant ses placards, qu’elle tombe nez à nez avec ce pot miraculé et décide de le déguster. Elle découvre alors la merveilleuse saveur de cette divine douceur.

Il ne lui en fallait pas plus pour appeler sa grand-mère, pour qu’elle lui dévoile le secret de cette recette que tout le monde vénère, et de maintes tentatives, en coups de fil désespérés à sa mamy préférée, entre larmes et bassines qui finissaient par valdinguer, elle a fini par y arriver et le succès fût assuré.

« Je vois dans le regard des gens de l’admiration, comme si j’avais un diplôme en confiture, mais j’apprends en faisant, j’apprends tout le temps…toute seule ». Désormais Isabel Rose sait écouter la confiture, au bruit des bulles qui crépitent et au jugé de la couleur, elle peut deviner la juste cuisson et c’est une grande satisfaction.

C’était sans compter que la vie allait s’en mêler, désormais seule, il lui faut trouver un boulot pour remplir le frigo. C’était il y a dix ans, c’est alors qu’Isabel Rose est née, la marque fût déposée. Ce travail alimentaire finira lentement par la satisfaire, par les liens créés et les sourires partagés.

-« Et Pourquoi Isabel Rose? » dis-je

-« Rose parce que j’aimais la couleur, le parfum, ma grand-mère aimait les roses et mon arrière grand-mère s’appelait Athénais Marie Rose et il fallait que je porte ces femmes. »

Les crêpes sont arrivées plus tard, elles sont arrivées pour s’occuper, pour remplir le temps et elles ont amené des tribus d’enfants, et c’est un bonheur de chaque instant. Comme chaque année, de retrouver les mêmes vacanciers, et d’être dans l’accueil, comme quelqu’un qui vous attendrait chaleureusement sur le seuil, comme un point de repère que l’on cherche le coeur battant en espérant qu’une crêpe nous attend. Et puis derrière les crêpes, il y a toute la symbolique de la chandeleur, cette fête païenne qui a fait de la crêpe un soleil,  » je donne du soleil aux gens »…et croyez moi Isabel Rose vous en donnez par tous les temps.

Donc si par bonheur vous « pratiquez » le marché de Léognan du Samedi matin….vous avez certainement déjà croisé Isabel-Rose, mais si! vous savez bien, le stand où il y a toujours quelques enfants qui attendent leur crêpe amoureusement. Si jamais vous avez raté le rendez-vous, retrouvez Isabel Rose à La Teste le Jeudi & le Dimanche et à Biscarosse le vendredi, où vous retrouverez ses créas du moment, gelée d’arbouse, de pomme et autres mélanges succulents. Ce n’est pas l’imagination qui manque, sirops, noix, infusion de plantes, tout est bon pour apporter un peu d’originalité dans nos vies si accrochées aux basiques fraise, prune, abricot, mais quoi qu’il en soit de chez Isabel Rose, vous en repartirez toujours avec un pot.

La confiture ça dégouline généreusement par tous les trous de la tartine, alors si vous voulez vous délecter de ces saveurs tendrement préparées, n’oubliez pas de vous arrêter chez Isabel Rose, vous serez heureux d’y faire une pause, vous ne pourrez pas vous tromper sur l’étiquette est une petite fée, Isabelle je crois qu’il est l’heure de vous remercier de nous régaler ♥

Combien d'étoiles donnez-vous à cet article ?

Femme Sauvage

Femme Sauvage

« Chaque femme porte en elle une force naturelle riche de dons créateurs, de bons instincts et d’un savoir immémorial. Chaque femme a en elle la Femme Sauvage. Mais la Femme Sauvage, comme la nature sauvage, est victime de la civilisation. La société, la culture la traquent, la capturent, la musellent, afin qu’elle entre dans le moule réducteur des rôles qui lui sont assignés et ne puisse entendre la voix généreuse issue de son âme profonde. »

« Pourtant, si éloignés que nous soyons de la Femme Sauvage, notre nature instinctuelle, nous sentons sa présence. Nous la rencontrons dans nos rêves, dans notre psyché. Nous entendons son appel. C’est à nous d’y répondre, de retourner vers elle dont nous avons, au fond de nous-mêmes, tant envie et tant besoin. […] La femme qui récupère sa nature sauvage est comme les loups. Elle court, danse, hurle avec eux. Elle est débordante de vitalité, de créativité, bien dans son corps, vibrante d’âme, donneuse de vie. Il ne tient qu’à nous d’être cette femme-là. »

Clarissa Pinkola Estés

N’entendez vous pas au loin les pas de femmes marchant les pieds nus sur la terre, les yeux tournés vers le ciel, suivant les sentiers qui nous ramènent à notre essence suprême? Nous sommes de plus en plus nombreuses, nous sommes de toutes les générations, nous sommes de toutes confessions, nous sommes de toutes les couleurs, nous sommes « Femme », toutes connectées par notre divine Féminité, nous revenons à la source et sommes infiniment liées.

Renouons avec la femme sauvage qui est en nous. Inspirée par l’oeil de la photographe Karin Legros qui sait si bien dévoiler la beauté du monde et de chacun, ose nous défaire de nos habits du quotidien pour devant l’objectif mieux nous mettre à nu, et nous révéler à l’état brut, je vous invite sur les pistes qui me mènent au coeur du féminin sacré (notre véritable essence). Tous les pas qui me guident, toutes les rencontrent qui me nourrissent et toutes les expériences grâce auxquelles j’avance, toutes ces peaux dont je me défais jour après jour….femme en transhumance.

Au delà de La lune qui nous guide (cf Sister MooN), je constate que sur mon chemin, l’eau a toujours joué un grand rôle, inconsciemment j’ai toujours senti le besoin d’être accompagnée par elle, comme si elle m’offrait force et apaisement. Sortie du ventre de ma mère où j’ai bien heureusement baigné, c’est comme si toute ma vie j’avais cherché à garder ce lien avec ce milieu utérin. J’ai grandi dans un village dit aux trois rivières. J’ai déménagé souvent et quand je regarde, j’ai toujours vécu à proximité d’un cours d’eau et chaque été, c’est près de l’océan que je viens me ressourcer. J’ai vécu dans le Lot à deux pas de la Dordogne, en Savoie, L’Isère coulait à mes pieds, en Touraine passait au bout du chemin la Loire près de qui je suis revenue souvent, en Gironde je voyais au loin la Garonne, et depuis que je vis ici, je profite depuis ma fenêtre d’une magnifique vue sur le Pacifique. C’est une force qui m’appelle depuis ma naissance, une compagne de toujours. L’eau est source de vie, symbole de féminité et fécondité.

J’ai longtemps fait fausse route, j’ai longtemps confondu femme sauvage et femme rebelle, j’aurais pu faire partie des Warriors de SF, une vraie guerrière. J’ai parcouru des kilomètres de mon existence, en croyant qu’il fallait se battre toujours, que la vie était un ring de boxe. Je la trouvais fatigante, épuisante, parce que bien évidemment plus tu te bats, plus la vie t’offre de combats (la loi de l’attraction). J’étais pleine de colère, une colère sourde, celle qui se loge en toi à force d’acceptation de choses qui ne te correspondent pas, pour arrondir les angles, pour rentrer dans le moule, tu prends sur toi et ça finit par peser lourd jusqu’à t’empêcher d’avancer. A force de trop de poids, tu en arrives à des points de non retour, tu fais tout éclater pour te libérer et finalement réaliser que cette rage, elle est un peu beaucoup contre toi même dans ton incapacité à (te) dire. Il m’a fallu tomber bien bas, un coup par ko, pour comprendre et faire renaitre des cendres, la femme sauvage qui sommeillait en moi.

Celle qui n’a pas besoin d’arme, celle qui retourne en son centre et renoue avec ses entrailles, y puise une force sereine, qui lève les yeux vers le ciel et se connecte à l’univers, embrasse les arbres, et écoute son coeur. J’aurais voulu avoir plus tôt entre les mains le délicieux livre écrit à quatre mains « Sagesse et pouvoirs du cycle féminins » de Marie Pénélope Pérès et Sarah-Maria LeBlanc, c’est un merveilleux cadeau pour toutes les générations et surtout une clé précieuse pour toutes les femmes sauvages en devenir. Un manuel pour se réapproprier son corps, un trésor pour nos filles, un allié pour les hommes, un trait d’union féminin.

C’est la journée des droits de la femme, et parmi ces droits elle a gagné celui de gérer sa fécondité par le biais de la contraception et ce fut une merveilleuse victoire qui lui a permis de faire un pas vers plus de liberté. Cependant la femme y a laissé aussi quelque part sa profondeur d’âme, ce qui fait sa valeur fondamentale, sa richesse, sa force de connexion. J’ai gobé la pilule tel un bon petit soldat parce que c’était un chemin facile, j’en ai oublié pendant des années d’écouter mon vrai rythme intérieur, je ne me connaissais pas moi même. J’ai fini par tout abandonner pour mieux m’abandonner à mon être et j’ai découvert mon harmonie avec la lune. Nous sommes une merveilleuse mécanique de la vie, nous avons ce pouvoir magique de la porter, nous devons prendre soin de ce temple intérieur où se loge notre vrai visage.

Je me suis liée d’amitié avec les plantes, que ce soit en phytothérapie, homéopathie, huiles essentielles, élixirs floraux, ces alternatives m’apportent une aide naturelle, précieuse et me maintiennent connectée à la nature, à ma nature. Que ce soit chez les chinois, les amérindiens, les druides ou nos gentilles sorcières, les plantes ont depuis des lustres fait preuve de leur capacité à nous aider. Contrairement à nos voisins européens ou au Canada, étrangement en France nous ne trouvons pas de formation d’herboriste délivrant de diplôme reconnu…. Serait ce un métier qui dérange alors que de plus en plus de personnes manifestent un intérêt pour leur usage?

Je suis piètre jardinière mais gratter la terre, ça me libère et faire pousser soit même quelques basiques (sauge, basilic, menthe, lavande..) est une source de satisfaction et me donne l’impression de revenir à mon état primitif (moi Jane!). L’onagre est entrée dans ma vie il y a des années pour mieux appréhender les syndromes prémenstruels, dès qu’un rhume pointe le bout de son nez, je me concocte des infusions de thym frais que je bois tout au long de la journée et que je combine à une inhalation d’huiles essentielles niaouli, ravinsara, eucalyptus dont je me badigeonne mixées à une huile végétale. Je saute sur  l’huile essentielle d’arbre à thé dès qu’un bouton fait surface. J’ai soigné tous les hématomes de mon apprentissage de la conduite à moto avec de l’hélichryse italienne. Quand à la maison un ventre est en souffrance à cause des lunes, je propose des infusions de sauge (maintenant on me les réclame!). Entant que grande allergique, j’ai fini pas retourner il y a quelques années vers l’homéopathie. Loin d’être un placebo, cela nous a aidés sur bien des terrains, bien que je juge son utilisation contraignante,  j’y ai trouvé un intérêt pour la famille au niveau subtile, pour gérer certaines émotions qui avaient des conséquences directes sur le corps de façon chronique.

La nature est une source inépuisable de bien être qu’il faut savoir utiliser à bon escient, je ne suis pas chamane, ni sorcière, mais je sais que cultiver ce lien avec ce que la terre nous offre, me permet d’être profondément en harmonie avec la vie qui m’entoure.

Pour revenir en mon centre, j’ai expérimenté le Qi Gong, que je vois à San Francisco fleurir au petit matin un peu partout dans les parcs grâce notamment à la forte présence de la communauté asiatique ou bien il m’arrive d’observer des postures de l’arbre chez certains à l’arrêt de bus. Le Qi Gong comme une hygiène de vie, c’est cette discipline qui m’a fait faire mes premiers pas vers mon recentrage, elle m’a aidée à ralentir le rythme fou des journées de travail qui s’accouplent aux tâches domestiques pour mieux t’essorer. C’était ma bulle, mon espace zen, ma respiration, les neurones au calme, les dossiers en cours fermés, mon attention centrée sur l’énergie à faire circuler, rythmée par les saisons, les éléments, les saveurs, agissant ainsi sur les principaux organes. Chahutées que nous sommes par la vie, j’en ai retenu parfois mes larmes de bonheur de fermer les yeux pour  redevenir un arbre, d’imaginer l’herbe sous mes pieds, de sentir mes racines s’enfoncer dans le sol alors que ma tête cherchait à embrasser le ciel et trouver ainsi une parenthèse de paix intérieure.

Pour me faire plaisir, comme un retour au cocon, à soi, je m’offre (et j’offre) des séances de réflexologie plantaire pour que de guerre lasse mes neurones autrefois trop agités trouvent le repos et par le biais de ce massage des pieds, parvenir à un nouvel équilibre.

Pour délivrer mes émotions passées, je me suis transformée en caisse de résonance grâce à la coupe énergétique. C’est comme aller chez le coiffeur mais pour vivre une expérience peu ordinaire (hein maman?!). Vous vous installez dans un délicieux fauteuil (jusqu’ici rien à signaler), puis on vous présente un coupe-chou, l’outil qui va servir à réaliser votre nouvelle coupe (ne partez pas en courant tout de suite!!). On vous explique que la technique consiste à suivre les méridiens du crâne, que chaque zone représente une facette de ta vie (enfance..), qu’une moitié de ton crane est liée au féminin, l’autre au masculin et qu’à chaque passage de la lame, une vibration va venir faire écho dans ta boite crânienne à la mémoire ancrée dans tes cellules, qu’elle va libérer et permettre ainsi d’évacuer des traumatismes bien ancrés. Je peux vous assurer que certaines zones sont effectivement douloureuses (on accouche de rien sans douleur, non?) et d’autres pas du tout, et que coupe après coupe, les zones sensibles le sont de moins en moins. La toute première fois, vous ressortez du salon avec un sentiment étrange, comme vidée, mais sereine, le visage lumineux drainé par ce « massage » crânien. J’avais les cheveux fins, ils sont devenus plus vigoureux, épais et forts…et étaient doux comme ceux d’un bébé après être passés sous la lame.

Pour libérer et faire le ménage plus en profondeur, tel appuyer sur une touche « reset » de l’ordinateur, j’ai eu la chance d’atterrir entre les mains d’Emily, praticienne en Psycho Bio Acupressure (PBA). Activité que j’ai découverte « par hasard », quelques mots échangés au dessus d’une table lors d’un déjeuner qui ne se prêtait pas du tout au sujet et me voilà demandant illico un rendez-vous, comme poussée par mon instinct qui me dictait qu’il y avait urgence à agir. Bingo!

Je suis une aventurière, j’expérimente toujours sans idée préconçue, je ne me renseigne pas avant, pas de recherche sur le net, je me laisse porter, je veux arriver vierge de toute opinion pour me faire la mienne.

Le praticien va d’une part identifier les blocages émotionnels par une étude spécifique du pouls des personnes, et d’autre part permettre leur effacement par l’action conjointe d’une part de la verbalisation (sous certaines conditions) de ces blocages qui permet de les conscientiser, et de la libération d’endorphines liée à l’application des circuits d’acupressure, la libération de ces endorphines modifiant la plasticité synaptique. Les blocages émotionnels sortent alors des zones du cerveau où ils étaient enkystés et sont captés par le cortex préfrontal, dont le rôle est d’évacuer les émotions.

Whaou! Je suis ressortie de ma première séance, comme portée par le vent, légère, dans une bulle où rien ne pouvait m’atteindre. Le grand luxe c’est que tu n’as rien à dire, rien à faire, pas besoin de raconter ta vie, juste sentir ton corps réagir et libérer les fameuses endorphines. A ton insu tu fais de grands soupirs, j’ai eu parfois la sensation de vague de froid dans le dos, d’eau glacée qui me coulait sur les épaules alors que tu as une grosse et chaleureuse couverture sur le corps. Ton corps fait son travail de nettoyage. La PBA a été pour moi une grande révélation, une véritable clé. Comme je suis une fille de partages, j’en ai fait profiter ma fille, qui fut profondément émue par cet échange, elle pensait d’ailleurs que j’avais raconté son parcours à la praticienne avant la séance tant elle lui disait des choses qui ne pouvaient parler qu’à son vécu…puis j’ai transmis ce cadeau à tout un tas de personnes tellement j’ai été fascinée par le résultat.

Plus tu te délestes du poids de ce qui t’empêche d’avancer, plus tu fais de place pour la femme sauvage en toi, et plus tu te sens libre. A chacune ses clés pour ouvrir les portes verrouillées, parfois à triple tours et je n’ai pas fini de faire de belles découvertes. Car c’est avec une joie retrouvée que je ramasse un à un tous ces cailloux qui jalonnent ma route et qui l’un après l’autre me (ra)mènent « à la maison ».

Le merveilleux cadeau, c’est bien évidemment toutes les rencontres, avec une mention spéciale pour toi, Véronique, mon amie, mon cairn, tu es définitivement entrée dans ma vie à la croisée d’un chemin, et je remercie toutes ces femmes en quête d’elle même qui croisent ma route et sont d’une richesse incroyable et celles que j’ai hâte de bientôt rencontrer.

Toute chrysalide que nous sommes, je nous souhaite de devenir de fantastiques papillons pour réenchanter le monde.

Sources/liens:

http://home.naturopathe.over-blog.com

psycho-bio-acupressure

Salon Art & Nature

Emily Montet praticienne PBA

Combien d'étoiles donnez-vous à cet article ?

Madeleine de Proust

Madeleine de Proust

Vous allez vous dire mais qu’est ce qu’elle nous parle de Madeleine le jour de la Chandeleur?

Ma Madeleine de Proust EST le jour de la chandeleur! Que voulez vous ça me ramène en enfance, dans les jupes de ma grand-mère, Suzanne. Mamie qui nous faisait des tas piles tonnes de crêpes. Il faisait bon dans la cuisine, ça turbinait sur le gaz autant vous dire que les poêles n’avaient pas le temps de refroidir! Dans la pièce, cuisine formica crème, il fleurait bon une douce odeur sucrée, et on attendait sagement à table de se goinfrer, le nez collé sur le pot de sucre en poudre, la cuillère prête à plonger dans la célèbre confiture de Papy Robert. Vous savez celle préparée avec attention, dont on a surveillé la cuisson, qu’on a délicatement touillé, sucrée mais pas trop, dans laquelle on a laissé des gros morceaux dedans et qu’une fois sous la dent vous laisse dans la bouche comme  un goût de fruit ensoleillé que tu ne peux qu’en demander …encore et encore.

Bon la chandeleur, c’était de la rigolade, la petite mise en jambe parce qu’après on avait Mardi gras! Et c’était reparti pour un tour, les bottereaux, les pets de nonne, le pain perdu et je t’en remets une couche de crêpes si ça te fait plaisir (purée j’en salive rien que de l’écrire!!!). Tous élevés au beurre qu’on a été, elle savait la Suzanne, qu’on allait tous se rabattre comme des mouches, enfants, petits enfants, brus, et j’en passe pour avoir notre part. ça ne se loupe pas ces moments là, ça rassemble, ça vous met du baume au coeur pour toutes les années à venir, tu gardes ce bonheur en toi comme une pépite et c’est là où tu replonges quand t’as besoin de douceur dans ce monde parfois un peu brutasse.

Alors aujourd’hui j’ai fait mes crêpes, même à l’autre bout de la planète, par tradition, par gourmandise et par amour aussi, pour mes petites mouches et pour tous ceux qui sont loin, comme pour maintenir ce lien entre nous, pour que le passé reste bien présent avec tout ce qu’il a de meilleur à partager.

Merci Bob and Suz…we love you !

Combien d'étoiles donnez-vous à cet article ?